Le sourire aux lèvres

Je bois un Picon bière dans un bar du canal de l’Ourq dont j’ai déjà parlé ici. Avec la chaleur timide du printemps, la jeunesse parisienne est sortie. Les gens ont investi les quais du canal. Ca joue à la pétanque, certains bavardent sur les chaises longues. Moi je n’ai trouvé personne pour boire un coup avec moi. Les amis ont cette faculté de disparaître quand on ne les sollicite pas assez ou qu’on refuse trop souvent les sorties. Par contre, je sais que si je me remettais pour de bon à sortir, ils referaient surface. Eux ou d’autres, car les amitiés varient, s’enrichissent, se nouent de drôle de manière parfois.

J’écoute le DJ, un jeune homme bien habillé, trop peut être pour un DJ, passer des vinyles inconnus, des morceaux drôles, décalés, difficiles à classer. Les dernières lumières du jour baignent ce bar que j’adore. Je suis installée sur les sofas de la petite mezzanine. Autour de moi deux jeunes filles se parlent bas, à moitiés couchées dans les coussins. Elles rient et se penchent l’une vers l’autre, comme deux amoureuses, peut-être le sont elles.
Un jeune homme s’assoit. J’espère un instant qu’on va lier conversation. Oui, ce soir, je me sens l’âme mutine, tout feu tout flamme, cœur d’artichaut, un peu. Depuis combien de temps n’ai-je pas flirté, juste comme ça, légèrement ? Des années je crois. Savoir qu’on plaît, et pas qu’à l’homme qu’on aime. Je regarde danser sur les murs la réfraction des rayons du soleil dans la boule à facette placée dans un coin. Sur les murs, il y a aussi des ardoises avec des petits dessins, des photographies commentées. J’aime tout ici : le coin BD celui où sont empilés les jeux de sociétés. J’aime les petits tapas gratuits sur le zinc, que les clients piochent à l’envie, j’aime les serveurs et les serveuses toujours prêts à discuter. J’aime les clients aussi. Une faune bariolée, boboesque, des parisiens normaux en somme.
Je suis bien ici. Bien dans cette ville. Epatée et ravie souvent.
D’être là.
Au seuil.
Et de le sentir de manière si vive et si puissante. Quelle chance quand j’y pense ! Quand je reviens chez moi, je croise trois hommes qui discutent devant un voiture assez pourrie. Eux sont habillés en costumes. Ils se taisent à mon passage. Je les dépasse. L’un lance « Vous êtes vraiment jolie » Je me retourne pour les regarder en face tout en marchant, et je souris en retour. Encouragé, un deuxième lance encore « Vraiment charmante ! Bonne soirée ! Bon week-end… » Leurs mots se perdent dans l’air du de la nuit qui tombe, moi je rentre chez moi, le sourire aux lèvres.

Commentaires

1. Le vendredi, 3 avril 2009, 22:24 par Moukmouk

Comme si ta beauté n'était pas une évidence...
Bon, au moins il y en a qui ose encore, tant mieux. Le garçon au bar, tu ne pouvais pas lui parler?

autre culture sans doute.

2. Le vendredi, 3 avril 2009, 22:30 par Marloute

Bhin non, j'ai limpression qu'ici, une fille qui vient boire une bière seule dans un bar, c'est déjà la fin du monde, alors une fille qui aborde un homme, limite je me ferais embarquer pour racolage...

3. Le samedi, 4 avril 2009, 00:12 par Leeloolène

Ah ! Je me demandais si tu allais écrire un billet sur ton verre en solo. Heureuse de vivre cet instant "par écrit" après l'avoir vécu en son. Eh eh !

C'est tellement agréable de plaire et d'en jouer !!! Et alors les flirts... c'est de saison, et ça aussi c'est très bon pour l'égo !

4. Le samedi, 4 avril 2009, 01:05 par Akynou

"Une faune bariolée, boboesque, des parisiens normaux en somme. "

Me fait sourire cette définition du Parisien normal. Le Parisien normal, c'est plutôt celui que tu croise dans le métro entre 7 et 8 heures du matin et qui part bosser...

5. Le samedi, 4 avril 2009, 16:22 par Marloute

Mais si tu savais comme les parisiens qui se rendent à Levallois ont l'air triste! Ils sont tous en costume sombre avec des ordinateurs portables et des ipod sur les oreilles... terribles!

6. Le dimanche, 5 avril 2009, 00:40 par Thomas

Tu me donnerais l'adresse de ton bar, dis ? Ça a l'air chouette !

7. Le dimanche, 5 avril 2009, 08:22 par julio

Oui sais bizarre a Santander les bistros sais plus les femmes que les hommes. Et il y a aussi une autre particularité, se son les femmes qui drague les hommes ! «¡Mira ese pollo que bueno esta ¡
» Ici les femmes vont moi au bistro et à la campagne je te raconte pas !

8. Le dimanche, 5 avril 2009, 11:17 par Marloute

Thomas : bhin c'est pas "mon bar", puisqu'il est juste tyrop loin de chez moi (moi ce serait plutot chez Irène et Bernard) mais c'est le Bar'Ourq! Assez connu comme tu vois...
Julio : oui, les mœurs diffèrent... Je viens de voir où est Santander sur Google Map, et je me rends compte que je ne connais pas du tout cette partie de l'Espagne. Les photos ont l'air jolies!

9. Le mardi, 7 avril 2009, 23:14 par Thomas

Merci :-) Je ne connaissais pas, je tâcherai d'y faire un tour un de ces jours...