Avec le temps

J’aime bien arriver tôt, à 9h, quand il n’y a encore personne dans les bureaux. Les premiers arrivent à 9h30, les autres à 10h30 ou 11h. Je suis seule, je vérifie mes mails pro, j’ouvre la fenêtre pour aérer une vingtaine de minutes, je lance un café. Puis je vérifie les titres du jour, l’actualité dans ma spécialité. Souvent, je dois partir en conférence de presse, sur les coups de 11h. Elles se déroulent dans les plus chics quartiers de Paris. Je découvre des salons, des lofts, des bureaux, des ministères, des ambassades où je n’aurais jamais mis les pieds autrement qu’a travers ce boulot. Je rentre à la rédaction et j’écris. Beaucoup. Souvent je branche la musique à fond dans mes écouteurs parce que l’open-space est un espace douloureux parfois pour la concentration. Et puis le temps file, je ne fais pas de pause, ou rarement, pour manger un gateau ou un fruit. Puis arrive 18h, les premiers partent, moi je traine un peu. 19h, 20h, j’éteind l’ordinateur. Toute mon énergie, mon envie, ma force passe dans ce travail. Je sais bien que je néglige mes mandats associatifs, et que je ne vois plus trop mes amis. Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai besoin de m’investir à fond en ce moment là dedans. Peut être parce que j’ai peur, horriblement peur, que quelqu’un un jour se rende compte de mon incompétence. Et puis des fois je me dis que je dois bien avoir quelques idées, sinon ils ne m’auraient pas garder. Mais tout de même, quand je vois certains projets qu’on veut me faire porter, je me dis Non !!! Je ne suis pas la bonne personne ! Il ne faut rien me confier !!!Comme si une force plus puissante que moi me poussait à déserter. La non confiance fait des ravages. Je me demande quand s’acquiert la confiance ? Avec le temps ?