Au temps du choléra
Par Marloute le samedi, 6 décembre 2008, 21:14 - General - Lien permanent
Je me lève naturellement à 7h30.
Aujourd’hui, je commence mes cadeaux de Noël. Je suis toute sautillante, toute
heureuse. Y. lui maugrée dans le lit. Il travaille ce week-end, va sans doute encore
faire un sujet sur le Téléthon et se désespère. Je presse une orange pendant qu’il
se traîne vers la douche, je casse des œufs et prépare des pancakes. Ma fournée
terminée, je fais passer du café dans la nouvelle cafetière Bodoum. Y. a
retrouvé le sourire à la vue du petit déjeuner de roi. Mais hop, le voilà déjà
parti. Je le suis à une demie heure près. La bibliothèque de mon quartier est
fermée, tant pis, j’irais ce soir à une plus éloignée. Je passe chez le cordonnier,
puis me glisse dans le métro. J’avance lentement, me fait bousculer par les
passants. Tant pis, je suis en week-end et je le savoure.
Première visite
H&M. Je voudrais tout acheter pour moi, mais pas de budget ! Je prends
deux cadeaux pour ma moyenne sœur. Puis la Fnac, un DVD et un livre introuvable
ailleurs. Puis Nature et Découverte, je prends encore un gommage et un
diffuseur d’huiles essentielles. Il est midi, j’appelle ma copine G. qui ne
veut plus aller danser (danse orientale) parce qu’elle s’est couchée à 8h du
matin. Je lui conseille de se rendormir. Que vais-je faire ? Je passe chez
V. mon amie couturière. Elle me montre des tissus, me donne trois gros sacs d’habits,
pour moi ou à donner. Je ferais les essayages demain. Je repars de chez elle.
Il y a une pointe de soleil, et j’aimerai aller lire au parc. Mais je croise la
belle A-C et son amoureux. On papote un moment dans la rue. Je me rends ensuite
à la petite librairie à côté de chez moi.
J’achète encore deux cadeaux et du
papier magnifique, presque plus beau que les présents que je m’apprête à
emballer dedans. Hier soir, personne ne m’a appelé pour sortir. Ce soir je sens
que cela va être pareil. Je pourrais prendre les devants et passer quelques
coups de fils, mais je sens une énorme fatigue s’abatre sur moi. Je rentre,
bois une infusion de thym avec du miel, du jus de citron, de l’ail et du
gingembre frais. C’est comme si je couvais une maladie. Quelque chose d’improbable,
un paludisme, le choléra. Je n’ai rien à lire, à part l’horrible « Piliers
de la Terre », qui se passe, justement, au temps du choléra. J’en suis à la moitié et je n’en peux plus. De ces fourberies,
ces moines pervers, du désordre moyenâgeux de ce livre violent.
Je file à la
bibliothèque très lointaine. J’ai sous mon bonnet une conférence de Michel Onfray et je m'efforce de suivre le récit tout en faisant attention aux voitures sur le
boulevard. J’arrive à la bibliothèque en étant un tantinet moins bête. Je fais le
plein : BD (Guy Delisle, un autre !) une autobiographie de Garcia
Marquez, des bouquins de psycho.
De retour chez moi, sur le canapé d'or, je câline le chat. Elle se laisse
aller, confiante, prenant tour à tour sous mes caresses la tête d’une petite
fouine, ou d’une chouette ébouriffée. J’écoute l’album de Justice sur Deezer. Je
ne sais pas quoi écouter en ce moment. J’ai envie de choses qui sautillent. De
sons puissants. Rien n’y fait, même House of Pain, son poussé au maximum.
Et si
j’avais vraiment le choléra ?
Commentaires
Je suis dans le bourg depuis quelques jours et pour encore pas mal d'autres ! On essaye de manger un soir ensemble... quand je réussis à me libérer des soirées mondaines de tradition en cette semaine Je t'appelle... enfin sauf si tu confirmes ton choléra !!
Oui!
J'adore ce billet et sa chute.
Tu décris très très bien ces moments entre 2 : entre la solitude et le couple, la vacuité et l'envie de faire, l'attente de quelque chose et l'envie d'être seule...
J'ai vécu longtemps ces moments de célibataire avec un compagnon qui travaillait quand j'étais en week end, et ils me manquent, maintenant que j'ai des enfants petits je ne suis plus jamais seule, ou si peu de temps !
Je pense que tu as raison! Moi qui suis nullipart, je rêve d'une maison bruissante d'enfants. Et quand j'aurais plusieurs petits, je suis sure que je regretterai le calme de mes week-ends de solitude!
L'idéal ce serait quand même de pouvoir vivre les deux! (J'espère, croise les doigts et crache par terre!)
Mais bien sûr qu'on peut vivre les 2 ! Pas de la même manière, pas avec la même saveur...
Je râle un peu, j'ai eu la tête dans le guidon pendant presque 5 ans, et pas du tout l'esprit à prendre du temps pour moi (ou si peu, ou si mal). Maintenant je peux reprendre un peu de lecture, d'écriture, de photo, mes plaisirs perso à moi. Et les moments de balade en ville pour moi sont très brefs, mais appréciés entièrement.
Tu as le temps d'avoir des enfants et une maison bruissante