Sérial Caissière

Hier matin, je suis arrivée au magasin à 8h pétante. On m’a tout de suite affectée au déboulonnage/remise à niveau des étagères de « froid », c'est-à-dire tout l’alimentaire mis en rayon dans des rayonnages réfrigérés. Armée d’un tournevis, de la force de mes petits bras et d’un gentil collaborateur (qui chougnait un peu parce qu’il avait mal aux bras et qu’il faisait froid) j’ai donc passé trois heures dans ces frigos en marche, à me geler les miches et à m’énerver sur les étagères récalcitrantes. J’ai ensuite eu le plaisir de ne pas prendre de pause déjeuner, vu qu’une nouvelle palette était arrivée et qu’il fallait bien la décharger. A 14h, je me suis assise une minute (littéralement) pour manger du pain rassis avec une tranche de jambon bio. Et c’est reparti. Un dernier coup de balai et les premiers clients sont entrés dans le magasin, près à poser des milliards de questions sur des produits que je ne connais pas. Je n’ai reçu aucune formation, comme aucun de mes collègues.
A aucun moment, nous n’avons eu une réunion, ou même des plannings.
Mes autres collègues ont l'air de se moquer de faire 60 heures de travail, en étant payer 35. Pas moi. Alors je passe pour une tire-au-flanc, car je fais juste mes heures et je m'en vais.
Tant pis.
Je sais qu'il n'y aura pas de palme à la fin du mois pour le meilleur employé et quand bien même, j'essaye de garder en tête mon objectif : devenir journaliste et en vivre. Cela ne doit rester qu'un job alimentaire, un boulot à mi-temps. Hors de question d'y voir autre chose, par militantisme, ou une obscure loi qui ferait qu'on doit tranvailler plus pour gagner moins.
Mais la désorganisation règne. Et c’est ainsi que je me suis retrouvée à faire la caisse. Moi. Moi qui ne sais pas compter, j’ai fait passer ma première cliente, en apprenant à me servir d’une machine à carte bleue et en rendant la monnaie. Au bout de 5 heures debout à voir la file d’attente s’allonger et les gens grogner car j’allais trop lentement, j’ai enfin demandé un verre d’eau.
A 20h30, après cette journée terrible, j’ai fermé ma caisse. J’avais encaissé pour 1600 euros d’achat. Moi. En prenant le métro à 21h15, après avoir emballé le fromage et dis bonsoir à l’équipe, j’ai pleuré. Pendant tout le trajet retour du métro. J’ai pleuré pour éliminer le stress. Et parce que je ne me vois pas faire ce job très longtemps. C’est éprouvant et je n’ai pas assez de répondant face aux clients impatients ou simplement méchants. Je sais ce que je veux faire plus tard. Journaliste.

Commentaires

1. Le jeudi, 21 août 2008, 19:58 par Moukmouk

Oui, tu as tout ce qu'il faut pour le faire. J'espère que dans ton pays ce métier existe encore, parce qu'ici parfois, j'ai des doutes.

2. Le jeudi, 21 août 2008, 21:08 par Eor

Tu es super courageuse de te frotter aux clients râleurs.... Pleins de sourires pour sécher tes larmes de stress....
et même.... des bises!

3. Le vendredi, 22 août 2008, 10:37 par Marloute

Moukmouk : Le pire Moukmouk, c'est que je crois que ce métier est en train de mourir, grevé par la communication, le consensuel, l'autocensure, le pouvoir des annonceurs, j'en passe et des moins drôles.
Mais n'empêche.
Je trouve que ce métier est beau. L'idée de ce métier est belle, même si la réalité le met à mal parfois. Je changerais de métier j'espère quand je sentirais que ce n'est plus possible de l'exercer. Et je ferais autre chose.

Eor : Merci! Snif, je dois y retourner tout à l'heure et j'ai déjà une boule au ventre. Trop cool.