Pomponnette


« Ah ! Te voilà, toi ? Regarde, la voilà la Pomponnette... C'est maintenant que tu reviens? »
Vous avez sans doute déjà tous lu, vu, ces mots, avé l’accent du Sud, prononcés par Raimu à l’encontre de la chatte fugueuse (et de sa femme fugueuse aussi) dans La Femme du Boulanger.
Et bien c’est grosso modo ce que j’ai vécu ce week-end quand ma persane n’est pas rentrée samedi soir, préférant rester dans le bois sous une pluie battante, avec un matou de ferme deux fois plus gros qu’elle. J’ai eu peur toute la nuit, qu’elle se soit fait écraser, qu’elle ait perdu le chemin de la maison, pour réaliser, le lendemain alors qu’une voisine de mes parents venait de m’alerter qu’elle venait de voir Churchille dans son jardin, alors que je venais de passer une dizaine d’heure à l’appeler et à la chercher partout, que cette chatte refusait tout simplement de rentrer à la maison.
Quand j’ai enfin retrouvé les deux amoureux en fuite, ils étaient tapis, silencieux, sous un buisson de buis. Je me suis approchée en chantonnant nonchalamment… et les deux ont filé dans un ravin boueux.
J’ai suivi tant bien que mal, jusqu’à un tas de bois. Là, le mâle a cherché à monter à nouveau la belle Churchille, qui lui a copieusement feulé dessus, coup de griffe sur le museau en prime. Il parait que l’accouplement chez les félins est douloureux pour la femelle. Le pénis du mâle est hérissé de piquants. Condition sin qua non de l’ovulation chez la femelle. Le dépucelage n’a pas du être joyeux. Je plains la belle tout en pestant contre mes bottes glissantes qui m’envoient par deux fois dans les broussailles.
Churchille feule toujours, un coup dans ma direction, un coup en direction du mâle. Ses pupilles sont dilatées de peur. Je sais par expérience que si j’avance la main, je vais me faire labourer par ses griffes, et que cette fois ci, ce ne sera pas pour rigoler.
J’attends donc qu’elle se calme. Alors que je réussi à passer une main au dessus d’elle, la voilà qui file, toujours avec le mâle aux trousses. Les grandes herbes sont trempées, et les moustiques commencent à attaquer dans le sous bois.
J’ai envie de pleurer.
Mon train part dans moins de deux heures, le soir tombe, et je cherche à attraper mon chat d’amour, transformée en furie furieuse.
La voilà en haut d’un noisetier accroché au ravin du bois.
J’escalade doucement l’arbre, me coinçant dans les petites branches, m’écorchant les mains et le visage. Au bout de 10 minutes d’approche lente, je pose les deux bras au dessus du chat et la tire vers moi.
Elle laboure de ses griffes mon k-way et je tiens sa gueule coincée sous mon bras droit.
Je la ramène à la maison de mes parents, paquet feulant, serrée comme un baluchon, dans mes deux bras, coincée.
Elle est sale et boueuse, pleine de petites brindilles, un limaçon accroché à son pelage, et les yeux fous.

Je rentre sur Paris, inquiète et soulagée.
Est-elle enceinte ?
Probablement.
Qui voudra de ces petits croisés ?
Et surtout, une question me taraude : comment cette chatte bien élevée, un modèle d’amour, a –telle pu se transformer si vite en furie hystérique ? La magie de l’amour sans doute…

Commentaires

1. Le mardi, 27 mai 2008, 03:17 par Moukmouk

Quelle histoire! si tu veux de la viande, le boucher c'est moins difficile non?

2. Le mardi, 27 mai 2008, 13:27 par Marloute

Mon boucher a très rarement de la viande de chat. Les carnivores ont vraiment une chair dégueulasse : trop nerveuse, et dure comme du bois. La prochaine fois, je prendrais des côtelettes d'agneau.

3. Le mercredi, 28 mai 2008, 16:15 par clem

j ai entendu les voisins de l'immeuble d'en face faire la fête alors j ai pensé à toi et attends le récit de la fête des voisins avec impatience!

4. Le jeudi, 29 mai 2008, 00:09 par Marloute

Il arrive, il arrive!