Jeter l'ordinateur

L’ordinateur me fatigue en ce moment.
J’ai tout le temps mal aux yeux.
Mes lunettes ne sont plus adaptées, dixit l'ophtalmo', et je n’ai pas d’argent pour en acheter de nouvelles, même si j’ai une bonne mutuelle.
L’ordinateur est celui de Y.
Le mien est cassé, mourru, dans un coin du bureau, en attente de réparation, quand j’aurais des sous.
L’ordinateur de Y. fait un bruit d’enfer. Quand je lis la presse ou que je fais une interview par téléphone, je l’éteins tellement il fait du bruit. J’ai les yeux qui piquent, je lis la presse, rédige une brève, réponds aux mails, tape un texte, parcours des liens qu’on m’envoie. Le soir, j’ai envie de jeter l’ordinateur par la fenêtre.
Je rentre du bureau de la pigiste-amie chez qui je travaille en ce moment.
Je me surprend à rêver : faire un peu de shopping, aller au restaurant… épargner pourquoi pas ? Faire des projets… Hélas. Je ne fais rien de tout cela, suspendues à l’appel d’une rédaction, 200 euros par ci, 50 euros par là.
Je n’attendrai jamais les 627 euros par mois que demande la commission de la carte pour obtenir la carte de presse à ce rythme-là. Je ne cotise pas. Je n’aurais pas de congés maternités si je continue à vouloir vivre uniquement de mes piges. Je n’ai pas d’argent à moi. Je vis sur la générosité des autres, de Y. en particulier.
Mais je fais un travail plaisant. J'aime ça, j'aime rédiger, j'aime les interviews, j'aime tout cela
C'est un travail gratifiant, quand on y pense.
Jusqu’où tiendrais-je ?
J’ai peur, j’ai toujours peur : les factures, l’argent de la psy. Comment payer la prochaine échéance ? Le soir, je ne veux pas regarder un écran. Je rêve d’un travail concret, les deux mains dans la terre. En contact avec des gens, aider concrètement à une meilleure marche du monde.
Réserver l’ordinateur à de l’écriture pure. Comme ce grand roman commencé l’année dernière, qui n’a jamais dépassé les 10 pages Word. Combien de manuscrits avortés et pour quel salaire ?
Si seulement je savais un peu mieux ce que je voulais faire de ma vie…

Rentrée à la maison par cette journée de pluie, je me lance dans un navarin d’agneau, bien gras. J’invite notre couple de voisins-amis à manger. Ils arrivent dans une demie heure, je ne veux plus voir l’ordinateur, je l’éteins pour la soirée…enfin.

Commentaires

1. Le mardi, 29 avril 2008, 20:40 par clem

oui surtout quand on sait qu'il dégage des produits bromés! ;) c est vrai qu'il faudrait apprendre à s'en servir avec modération... chez moi aussi, il est trop souvent allumé...