Tentative d'aménagement

C’était trop bien.
J’y suis allée tranquillement. J’avais une pile de CV de moi et de Capitaine Lili pour cibler les éditions susceptibles de passer des commandes aux auteurs. Je savais que j’avais ma rencontre à midi avec une éditrice. Je lui repasse un coup de fil une fois là-bas.
Zut.
Elle m’a oubliée.
Elle me dit de passer quand même sur le stand en début d’après-midi, que quelqu’un de chez eux sera là pour laisser mon CV. Dans le salon, les hordes d’enfants courent partout, ils saccagent les livres, des classes entières prennent des catalogues qu’ils ne liront pas. Tout ce qui est gratuit sur les stands est raflé. Je suis choquée par le bruit et l’attitude des enfants qui « consomment » du salon du livre, sans prendre le temps d’ouvrir un seul livre. Je vais me chercher un café dans une cafétéria glauque. Ma micro goutte de café dans un gobelet en plastique me coûte 1euro 50. Chouette. Ca commence bien. Mais je fais le tour des éditions, vaillamment. Il y a vraiment plein de choses. Je laisse partout nos deux CV.

• Chez Auzou éditions
• La martinière Jeunesse
• Larousse
• Lito
• Mango Jeunesse
• Play Bac éditions

Je ne le laisse pas chez Hachoutte. Mais je caresse doucement la couverture de mes livres, comme pour leur dire bonjour. Je suis fière de les voir-là... mes bébés. J’ai envie de crier aux vendeuses (qui ont autre chose à faire face aux hordes d’enfants qui réclament des marque-pages gratuits et malmènent les albums) que c’est moi, "C’est moi qu’ai fait, c’est à moi ça "!
Mais je passe rapidement à autre chose. Pas la peine de laisser mon CV aux vendeuses. Mon éditrice me rappellera si vraiment elle a besoin de moi…
Comme l’éditrice que je devais rencontrer n’est pas là, je sors du salon pour manger un hot-dog moins cher à l’extérieur. Mon ami R. m’appelle. Il me dit : « Devine qui est fortement intéressé par notre livre et voudrait qu’on mange ensemble la semaine prochaine, genre jeudi prochain à 13h ? » Mon cœur fait un bond.
Je sais de quoi il parle.
C’est « Fayourd », l’éditeur-phare pour toutes les enquêtes journalistiques.
Oh yeah. On termine la conversation en disant qu’il faudrait quand même qu’on écrive une petite bafouille quand même, pour présenter notre projet un peu plus concrètement…
Je retourne dans le salon, reboostée. Après une heure, je retourne au stand. Un homme est là. Il me dit qu’on va monter dans les salons VIP. Un accès ultra réservé, avec d’immenses baies vitrées. Whhaou. Il me repaye un café, bien meilleur et plus conséquent.
Et là, je passe un vrai entretien d’embauche. Le projet est passionnant, mais encore en négociation. C’est pour écrire deux guides en un, un guide adulte et un enfant. Je demande les tarifs, me renseigne sur les conditions. Tout a l’air correct. Ils payent normalement. Ils me disent qu’ils ont reçu des centaines de candidature, n’ont sélectionné qu’une dizaine d’auteurs journalistes. Moi, j'ai juste vaguement entendu parler du projet lors du festival où je signais. Je ne sais pas s’il veut dire que je suis prise ou pas. Mais il me dit que j’aurais des nouvelles très vite, à la rentrée sans doute.

Puis je reste une heure dans le salon, assise, à regarder et à prendre des notes sur la façon dont les gens sont habillés. Les graphistes et les illustratrices sont toutes habillées pareilles, malgré leurs airs originaux. En fait, elles recréent des codes vestimentaires de branchitude artiste. Je rêve de m’habiller comme elles.. Mais moi, je ne sais jamais bien quoi va avec quoi et je fais souvent les mauvais choix en achat d’habits. J’ai enfin touché les sous des rédactions. Mais c’est maigre, et je dois déjà deux loyers. Tout va partir de suite.
Tant pis, tant mieux, j'espèrent que des jours meilleurs m’attendent.

La joyeuse cohue



Le carré VIP