Les jours sans.

Le festival s’est bien passé.
J’avais rassemblé suffisamment d’énergie pour faire bonne figure. Je venais aussi en tant que secrétaire générale de mon association de journalisme. Grâce à mon enthousiasme sur mon stand, pour mon association, j’ai dès le matin vendu des livres sur notre association et fait en sorte que trois nouveaux adhérents fassent partie de chez nous. C’est juste quand une fille est venue me parler du journalisme et de ses propres galères que j’ai craqué un peu. J’ai dit que je ne voulais plus travailler.
Que je cherchais ailleurs.
Elle a eu l’air de comprendre, m’a laissé ses coordonnées, pour discuter.
Mes amis sont passés pour ma signature à 17h. Ils ont écrit de fausses critiques sur une feuille pour accrocher devant mon livre « Un livre très très bien » Le Figaro. « Un livre monde » Les Inrokuptibles, « Un livre culotté » Philippe Sollers. Le directeur du WWF, est venu s’en faire dédicacer un et j’en ai vendu 4 sur les 6 que j’avais.
J’étais vraiment contente, même si je voulais m'enfuir et j'éludais les questions. Personne ne m’a trop pris le tête. On ne m’a pas branchée sur un autre projet, un autre sujet…
Le soir avec Y., un couple d’amis qui vivent dans notre rue nous invitent à manger une énorme tartiflette. On rentre sous la pluie et le froid, le ventre bien rempli. Je sais que le lendemain ne va pas être reluisant.

Insomnie à 5h.
Je me pose plein de questions.
Quand le réveil sonne à 9h, je crois mourir.
10H30, Y. vient me gratter les cheveux.
J’entends les mots jus d’orange pressé, et miel bio.
M'en fout.
Je refuse de me lever.
A 11h, je me force à me lever. Est-ce que c’est l’effort pour faire comme si tout allait bien hier qui m’a fatiguée ? J’ai une énorme envie de pleurer. Y. reçoit un coup de fil de F*rance C*ulture.
Il doit venir tout de suite, en remplacement, trois jours.
Quand il est parti, je regarde mon fauteuil, puis la vitre.
Il est midi et demi.
Je mange un steak de thon surgelé. Un yaourt. Juste histoire de.
J’appelle ma mère.
Pas là.
Je lui dit de me rappeler.
Cela doit faire trois semaines que je lui ai dit par mail que j’allais mal.
Elle n’appelle jamais souvent.
Jamais en fait.

Quand je l’ai enfin au téléphone, j’écoute Schubert très fort. Je baisse le volume et essaye d’expliquer, de résumer trois semaines au téléphone. Elle est au boulot, elle n'a pas beaucoup de temps, et le téléphone de mes parents est cassé depuis deux mois, et les portables passent mal dans leur campagne pourrie.
Je lui dit que je ne vais pas bien, que je cherche un boulot ailleurs que dans le journalisme.
Elle a l’air de trouver l’idée bonne.
Elle me dit qu’il faut me bouger le cul. Je crois comprendre qu’elle dit que la déprime entraîne la déprime. Je suis d’accord avec elle.
Je veux descendre pour Noël, car je sais que Y. passera le réveillon à la radio.
Je ne veux pas rester seule ici.
Je vais chercher un covoiturage pour descendre, les trains sont devenus trop chers… Je raccroche

Mon portable est resté allumé.
J’ai tellement peur que quelqu’un m’appelle pour me proposer du boulot que je l’éteins.
Peut-être tout à l’heure, si j’ai la force, je me traînerai jusqu’à la Poste.
Enorme envie de pleurer.
Fatigue des bras, des jambes, comme après un marathon.
C’est fatiguant de faire comme si.
Je vais arrêter je crois…

Commentaires

1. Le lundi, 19 novembre 2007, 17:50 par luciole

"C’est fatiguant de faire comme si."

ça me rappelle beaucoup de choses ...

N'oublie pas que ça passe, ça passe toujours ... bises chaleureuses !

2. Le lundi, 19 novembre 2007, 17:53 par Marloute

Merci Luciole.

Je sais que cela passe, tu as raison. Mais comme c'est long...quand on est dedans...

3. Le mardi, 20 novembre 2007, 04:43 par labosonic

J'avoue que je ne sais pas quoi te dire en te lisant ces derniers jours, j'ai l'impression que, toi-même, tu ne sais pas si tu fais comme si ou pas. Et que c'est peut-être ça qui te fatigue tout autant.

4. Le mardi, 20 novembre 2007, 10:33 par Akynou

Et à par ça ta psy dit que tu ne fais pas une rechute...
Je ne sais pas comment on appelle ça alors.

5. Le mardi, 20 novembre 2007, 13:57 par Marloute

Labosonic : Je ne sais pas du tout où j'en suis. Je m'observe. Je serais prête à croire n'importe qui qui me dira que ce n'est pas une dépression. Akynou : Héhé, la psy ne dit rien, elle. C'est la médecin qui pense que c'est une phase un peu très beaucoup basse. Elle m'a dit de revenir 15 jours après si mon état ne s'améliorait pas tout seul.
6. Le mercredi, 21 novembre 2007, 01:31 par Oxygène

Je suis bien d'accord avec Akynou. Beaucoup de bises et de pensées positives avec des singes, des cris d'oiseaux et des papillons.