Mon article repris

Minuit dans la forêt de Brocéliande

26 octobre 2007, nuit de pleine lune dans la forêt de Brocéliande, à 40 km à l’Ouest de Rennes. Il est bientôt minuit et j’attends les fées. Couchée sur un tapis de sol, je suis emmitouflée dans un duvet (résistance -30°). Je suis venue me rendre compte par moi-même si les légendes des esprits de la forêt tiennent la route. Légendes, croyance, foi, des gens viennent de toutes la France et même d’Europe pour visiter la forêt de Brocéliande. Les visiteurs du Centre Arthurien de Brocéliande sont chaque année plus nombreux, 30 000 cette année. Que viennent-ils chercher ? C*laudine G*lot, spécialiste des légendes de Brocéliande et fondatrice du C*entre Arthurien l’explique: « Je pense que les gens qui s’intéressent à Brocéliande viennent ici pour se ressourcer, chercher leurs racines, pour se rattacher à une histoire. La forêt a une très longue histoire, le tombeau de Viviane, par exemple, est une sépulture mégalithique construite il y a 4500 ans. A cet héritage celtique vient s’ajouter le cycle de roman écrit au 12ème siècle par Chrétien de Troye. Il y raconte la vie des chevaliers de la Table Ronde dont une partie se passe en « Petite Bretagne », dans cette forêt même. Chacun se projette dans la vie des chevaliers et peut venir rêver dans la forêt »

Et les esprits des bois pourraient disparaître. En effet, un projet d’usine de déchet démesuré menace la forêt légendaire. En 2006, une société, la S*MICTOM, a demandé (et obtenu) une autorisation de construire une usine de broyage et de compostage des ordures ménagères, d’une surface de plus de11 000² et de 20 mètres de hauteur, en plein milieu de Brocéliande. Deux associations « S*OS Brocéliande » et « S*auvegarde de Brocéliande », et une cinquantaine de particuliers ont déposé un recours au tribunal administratif pour contester la légalité du permis de construire. Alors que l’affaire était en cours, les travaux ont déjà commencé dans la forêt. Les associations ont gagné au tribunal le 24 août dernier. Le juge a condamné l'Etat à verser aux associations la somme de 1000 euros. M. Le Thie*c, président de l’association S*OS Brocéliande, nous explique les raisons de leur levée de boucliers : « La forêt de Brocéliande une zone classée en ZNIEFF, c'est-à-dire une zone naturelle d’intérêt écologique. Malgré ce classement qui devrait la protégée, aucune étude d’impact sur les dégradations environnementales n’a été réalisée. Il n’y a même pas une enquête publique auprès des habitants pour savoir ce qu’ils en pensent. Les autres lieux de constructions de cette usine, avoisinants la forêt n’ont pas même pas été étudiés. Cette usine est un projet gigantesque qui abîmerait irrémédiablement la forêt. ». Mais la société S*MICTOM a déposé un deuxième permis de construire. Les associations retroussent leurs manches, pour une deuxième lutte, dans les mois qui viennent.
Brocéliande n’est plus l’épaisse forêt qu’elle était au Moyen-Age. Je le vois dans les bois qui m’entourent, Brocéliande est une forêt presque « domestiquée ». Depuis les Gaulois, on a extrait de la forêt des minerais de fer, brûlé du bois pour faire du charbon. Les plus grands arbres, plusieurs fois centenaires, ont disparu avant 1850, dans les fourneaux des forges. Autour de moi, dans la clarté de la pleine lune, je vois une forêt de chênes, avec des affleurements rocheux par endroits. Tout un peuple de chevreuils, de chouettes, m’entoure. Je ne vois pas à dix mètres, dans la noirceur des taillis. Mais j’écarquille les yeux au moindre bruit, espérant voir une fée. Une m’intéresse particulièrement, c’est Morgane, une guerrière, dont l’ancien nom celtique est Morrigan. Morgan avait fait construire son château en plein milieu de la forêt de Brocéliande. On dit qu’elle y étudiait la magie et la nécromancie. Depuis l’époque celte, la culture bretonne est baignée de cette sorte de vénération de la mort. On dit que sur les chemins de Brocéliande passe la nuit une charrette grinçante. Celui qui l’entend et la voit ne revient jamais vivant. Je guette le moindre bruit. Morgane, fée de la mort, n’était pas mariée. Elle choisissait ses amants parmi ses jeunes guerriers. Le 19ème siècle puritain est passé par-dessus cette légende, faisant de Morgane une femme corrompue et dangereuse, ayant couché avec son père. Mais dans le roman de Chrétien de Troye, Morgane est encore une femme libre.
Un gland de chêne tombe à coté de moi. Mon cœur s’arrête de battre. Il faut que je m’habitue, car il tombe des glands toutes les deux minutes. J’entends un long mugissement au loin. C’est le brame d’un cerf, l’appel du mâle qui marque son territoire pendant la période des amours. Je me remémore les paroles de C*laudine G*lot : « Merlin l’Enchanteur avait la particularité de se déplacer très vite dans la forêt, qui lui obéissait. Il pouvait prendre l’apparence d’un cerf pour aller conseiller un roi à l’autre bout de la Petite Bretagne ». Mais Merlin était moitié homme moitié Dieu, et comme tous les hommes, il pouvait faiblir pour l’amour d’une femme. Pour Viviane, dont il est éperdument amoureux, il construira sous les eaux d’un lac un palais immense. Pour Viviane, il acceptera de se laisser enfermer à tout jamais auprès d’elle dans le palais. Est-ce le souffle de Merlin que j’entends dans le froissement des feuilles ?
Quand Merlin entraîna le roi Arthur et ses chevaliers de la Table Ronde depuis la Grande Bretagne jusqu’ici, c’était parait-il un soir de Noël. Merlin expliqua aux chevaliers que le Saint-Graal, cette coupe merveilleuse qui contenait le sang du Christ, avait été transporté en Petite Bretagne, et que depuis on avait perdu sa trace. Et c’est ainsi que Lancelot, Gauvain, Perceval, Yvain et tant d’autres partir à leur tour dans la forêt pour trouver le Graal et le ramener à Carduel. « La forêt est le lieu du « merveilleux ». C'est-à-dire, ce qui est à la fois magnifique et terrible. C’est un lieu de « passage », entre les vivant et les morts, entre les fées, les esprits, et les humains. Dans les légendes arthuriennes, celui qui a le courage d’affronter la forêt trouvera la richesse et la fortune. La forêt, c’est un lieu de toutes nos angoisses, de nos peurs les plus profondes ».
Il est 1h30. Cela fait 5 heures que je scrute le noir de la forêt. Pas de fées pour ce soir, mais des bruits d’animaux qui m’effraient. Je reviendrais la nuit du solstice d’été, guetter les fées près des cours d’eau de Brocéliande, si d’ici là une décharge n’a pas remplacé la forêt.

Commentaires

1. Le jeudi, 1 novembre 2007, 11:42 par captaine Lili

J'aime beaucoup ton mélange de "culturel" et de réalité "politique", de légendes passées et de temps moderne, parsemé de ton approche personnelle...

2. Le jeudi, 1 novembre 2007, 12:29 par Akynou

Techniquement : encore beaucoup trop de répétitions, ça hache le récit. Et il faudrait que tu révise ton code typo.

Pour la construction, je trouve qu'il y a trop de légende, et pas assez de vécu. Sans aller jusque au côté gonzo que te repprochais ton red chef, je ne vois pas l'intérêt d'aller dans cette forêt à minuit si tu ne nous fais pas plus partager ton expérience.

pour la déchetterie, manque le point de vue des tenants de l'usine, même si tu l'expédie en une seule phrase au moment où tu dis par exemple qu'ils ont déposé un deuxième permis.

3. Le jeudi, 1 novembre 2007, 12:31 par Akynou

Bon, je reprends (j'ai été interrompue, je suis au boulot). Sinon, c'est pas mal :-)

4. Le jeudi, 1 novembre 2007, 15:17 par labosonic

Pas grand chose à rajouter après Akynou dont le regard exercé est irremplaçable.

Effectivement, c'est plus le même article du tout. Avant il y en avait deux distincts (d'un côté, la déchetterie / de l'autre, la partie mythe et l'expérience "gonzo") et maintenant tout est mélangé.

Et comme l'a dit Akynou, il y a un déséquilibre entre les trois trucs : l'aspect mythe est assez développé, le côté vécu est relégué au dernier plan à un point tel qu'on ne voit pas trop pourquoi il est là. Il y a probablement à essayer de réussir un meilleur équilibre selon les standards de ton rédac-chef.

5. Le jeudi, 1 novembre 2007, 17:26 par Marloute

Merci de vos commentaires
Soyez surs que j'en tiendrais compte dans la troisième version, qui ne manquera pas d'arriver. En fait, je veux juste savoir si c'est dans cette direction que le red chef veut aller ou pas...