Des hauts et des bas…

La vie est faite ainsi.
Mardi matin, je me réveille beaucoup trop tard. Je commence par regarder mes mails et de fil en aiguille, je me retrouve à répondre à des annonces d’emploi alors que je SAIS que cela ne fonctionne jamais sur Internet.
Mardi soir, je gémis chez la psy, parce que ce n’est pas possible d’être aussi nulle, de ne pas savoir s’organiser, comment je vais écrire tout ça, ce n’est pas possible, que vais-je devenir, dans quel état j’erre…. Bref.
Je lui raconte les déboires que j’ai avec le reportage de vendredi prochain. Je pars dans la forêt de Brocé*liande. Je suis sensée me trouver à minuit dans la forêt de Merlin pour voir s’il se passe quelque chose. J’explique à la psy que je veux qu’on m’emmène dans la forêt pour que je dorme une nuit sur un tapis de sol cette nuit-là. Mon idée ? Faire un reportage qui claque un peu, pour le magazine S*tandard. Se confronter à ses peurs enfantines, voir si la légende tient bon. J’explique que j’en ai marre d’être derrière mon ordinateur et qu’il faut que je fasse un peu de terrain.
Très bien.
Sauf que pour la première fois depuis longtemps, ma psy prononce une phrase complète : « Vous allez vous mettre en danger pour vous sentir vivante ? » Je reste pétrifiée.
Bien sûr que c’est le but.
Repousser les limites pour se sentir exister. Pour être vue. Pour baigner dans le regard de l’autre, un regard que j’attends forcément chaleureux/admiratif/encourageant. Je suis prête à tout pour cela, même me tuer. Comme quand je suis partie deux mois au N*igeria pour une hypothétique étude des serpents de la région des montagnes. Comme quand j’ai fait le tour de la G*aspésie en stop pour un soi-disant reportage sur les méthodes de protection des mammifères marins. Alors que je dis à la psy que je ne la verrais pas vendredi, elle insiste « Je vous attend vendredi ». Accrochée au bouton de l'ascenseur, chez elle, je sanglote le plus silencieusement possible.
Cela me fait plaisir de savoir qu’une personne refuse de me voir partir en reportage et me dit qu’elle m’attend.
Je n’ai même pas parlé à mes parents de ce reportage et personne à part le rédac chef (à priori) n’était sensé savoir que je comptais dormir une nuit seule dans la forêt. Je commence tout juste à le raconter et autour de moi on pousse des cris d'orfaie. Je suis une terrible petite fille qui prend des risques pour qu’on la remarque. Je crie tout haut avec une voix d’enfant : « Eh bhin alors je vais partir dans la forêt et les loups ils vont me manger et toi tu seras bien triste et ce sera bien fait ! »
Le soir, je passe chez une copine, lui confie mon désarroi. Je n’aime pas le journalisme. Je ne suis pas faite pour ce métier. J’ai menti au monde entier en disant que j’étais faite pour ce boulot. J’ai suivi une formation géniale mais je me trouve mal dans le travail. Je me suis trompée quelque part. La copine me dit de revenir sur mes fondamentaux. Qu’est ce que je sais faire. Qu’est ce que je veux faire. De son coté, Y. comprend qu’il n’a pas vraiment le choix de m’accompagner dans mon reportage. Cette histoire de mise en danger l’a alerté. Je m’endors plus rassurée.

Mercredi matin.
Je me lève à 5h.
Je fais tout ce que je veux jusqu’à 8h et je me mets à bosser. Je règle différents problèmes qui étaient en suspend. (bien) J’achète mes billets de train, règle l’histoire de la voiture à récupérer à Rennes, cale une interview avec une spécialiste des légendes demain matin. Je suis fatiguée à 17h30 quand le téléphone sonne. C’est une rédactrice en chef de Maxou. Excédée. Elle dit que je flingue l’angle de mon article sur A*lzheimer dès le début du papier. J’essaye d’expliquer que son angle ne tenait pas la route mais je réalise la gaffe que j’ai faite : je ne l’ai pas prévenue. Elle me dit qu’il faut tout « réangler », que c’est trop long, que le vocabulaire ne va pas, ni les encadrés. Cool. Je lui assure que tout sera repris pour demain.
Je n’ai que deux employeurs.
Eux et Wapitou.
Les deux réécrivent mes papiers à un point que cela en est écoeurant. Je ne suis pas journaliste, pas dans ces conditions-là, pas pour ces canards-là.
Pas de passion, pas d’intérêt pour la chose….
Il est 18h.
Je pars voir une copine, à l’autre bout de la ligne 2.
J'ai commencé une analyse parce que je tombais dans le puit profond de la dépression. Après deux ans, je réalise, un peu, quels sont mes problèmes. Au bout d'une dizaine d'année, je vais peutêtre les régler...
J'ai commencé une analyse parce que j'avais un problème avec mon travail (je me colle une balle dans le pied quand je commence à faire des choses qui me plaisent) et que j'avais un problème avec mes parents (je vis leur vie, réalise leur rêve répare leur couple, n'ai pas fait mon Oedipe)
Au bout de deux ans d'analyse, je réalise que ces deux problèmes se rejoignent et s'entremèlent et m'handicapent dans la vie de tous les jours. Certains problèmes sont réglés, pas d'autres. Un gouffre de problèmes s'ouvre sous mes pieds. Je frissone à l'idée des merdes qu'il va falloir remuer pour me sortir de là... Mes déboires sont très loin d'être terminés et je refuse de voir la solution qui pourtant serait la plus simple : et si j'acceptais pleinement ce problème et que je décidais d'être libre? Pas gagné-gagné...

Commentaires

1. Le jeudi, 25 octobre 2007, 11:32 par Leeloolène

Je te fais une réponse par mail à ce billet...
Bises

2. Le jeudi, 25 octobre 2007, 11:54 par luciole

La vie tout cela, sous le tapis de merde à soulever se cache la satisfaction de n'avoir pas renoncé devant la montagne, se cache aussi une certaine sérénité, si, si. Une bonne allégorie de la vie, ce serait l'alpinisme ... Je sais de quoi je parle, je suis passée par là ;-)bises.

3. Le jeudi, 25 octobre 2007, 17:24 par Marloute

@ Leeloolène : Merci merci pour ton mail. @Luciole : Comme tu as raison. Mais comme cela me fait peur, comme je recule, comme je ne veux pas y aller!
4. Le jeudi, 25 octobre 2007, 17:37 par Oxygène

Une Luciole ! Lumière dans la nuit et voie de la sagesse. Il ne te reste qu'à la suivre. Bises.