Les extrêmes

Etrange reportage hier dans la journée.
Je prends le train encore peu sûre de moi, trop bouleversée par la séance d’analyse d’hier. Cela remet tant de choses en question. Cela me met tellement la tête dans ce que je ne veux pas savoir… Les deux heures et demi de trajet me font réfléchir.

J’arrive encore à vif, dans une famille très bourgeoise. Très riche. Ces gens ont eu des enfants biologiques, et ont décidé d’adopter des enfants trisomiques. Ils en ont adopté 11. Parfois même polyhandicapés, en fauteuil ou grabataires. La maison les accueille, pour une vie de famille très chaleureuse. Il y a une vingtaine de pièces différentes. Des lustres partout, des moquettes épaisses, des chats de race, des tapis… Pleins d’étages, pleins de tableaux, pleins de bibelots. Il y a trois femmes de ménages, dont deux à plein temps. Des assistantes infirmières, une institutrice à mi-temps pour apprendre des choses aux adolescents qui n’ont pas le droit d’aller à l’école de la République.
Je rentre heureuse mais fatiguée.
Etrange d’être dans tout ce luxe, moi qui suis habillée comme une pouilleuse.
Etrange d’être face à ces gens riches, catholiques, fervent défenseurs de N. Sarkozy, pétris de valeurs, moi qui croit en des valeurs sociales, me situe du coté des pauvres, des exclus, des perdants, des combattants. Je ne peux qu’être admirative de leurs actions. Ils ont crée une association pour faire adopter les enfants trisomiques par des familles, un centre d’accueil pour les adultes handicapés, un organisme d’adoption pour des enfants djiboutiens. Une vraie réussite de vie, un vrai cocon d’amour et de luxe. Les enfants ont des cours de piano, de batterie, un coach pour le sport, un immense jardin, des salles de jeux. Bref, un rêve d'amour

A la gare, je décide d’aller à un apéro chez des amis de Y., à Barbès. Dans l’appartement, beaucoup de lyonnais. J’ai l’impression de revivre notre passé sur les pentes de la Croix-Rousse. Nos soirées ensemble, les cuites dans les bars, nos discussions dans fins. On rigole beaucoup. Ce passé commun nous enchante et Paris s’ouvre à nous. Je discute avec deux réalisatrices de documentaires. Des précaires du cinéma, des musiciens. Je me sens bien.
On rentre avec Y. par le bus 31. Je n’ai plus de voix. Pourtant, demain, j’ai un entretien informel avec mon patron. Pour lui dire que je refuse de bosser si je ne suis pas payée en salaire. Et la peur m’a fermé la voix. Je passe la nuit à sucer des pastilles pour pouvoir dire ce que j’ai à dire.
Etre payée pour mon travail.
A la valeur de ce que je fais.

Commentaires

1. Le jeudi, 20 septembre 2007, 12:39 par captaine Lili

très interessante, ta note ! (pour la ballade lyonnaise, j'ai réussi à mettre des photos sur un blog annexe, le lien est sur mon blog...)