Ma cuisine est un étang



Terrible séance de psy hier. Je pleure à la première association douloureuse, je bredouille dans mes larmes, m’enfonce encore plus loin dans la douleur que j’aimerai tellement fuir. Comme c’est dur l’analyse. Etre au pied du mur. Acculée, obliger de laisser remonter à la surface des choses sur lesquelles ont s’est assise pendant des années.
Je sors groggy, écrit quelques mots sur un banc, puis remonte le canal de l’Ourcq.




Je trouve de grandes brassées d’herbes décoratives près d’une poubelle. Elles viennent de la Péniche Opéra. Je me fais un bouquet, ragaillardie. On dirait la flore d’un étang. Je suis heureuse de mettre un brin de nature chez moi. Je passe au MK2 librairie. Il y a un DVD de courts métrages d’Agnès Varda qui vient de sortir. Il est beaucoup trop cher pour moi. Mais un jour. Non, je suis venue chercher un cadeau pour Y. J’ai envie de lui offrir quelque chose, moi qui suis toujours désargentée. Aussi parce que je me rends compte, au fil des séances d’analyse, que je lui demande des choses impossible. Je lui demande d’être tout pour moi. De me prendre en charge, de réparer les anciennes blessures, de sublimer ma vie. Y. cherche à répondre au mieux, mais il ne pourra jamais être parfaitement dans mes attentes. Et je sais que cette attente démesurée tue la plupart des couples. Alors j’ai décidé de lui faire plaisir. Il a trop de livres à lire en ce moment, alors je me décide pour un DVD de Lynch, Inland Empire, avec un DVD complet de Bonus où des gens essayent d’expliquer le film. Un régal pour le cinéphile qu’il est.

Quand je rentre, Y. est malade, comme moi, un refroidissement qui nous rend malheureux. Il a quand même fait des courses. De la farce pour les tomates farcies, de quoi faire un filet mignon de porc. Je déclare qu’on va faire des crêpes. Soirée cocon. Après les crêpeset et des fumigations, on lit. Je termine Jane Austen. J’aime les histoires d’amour à la fois simple et compliquées qu’elle invente. Ces filles à marier, ces épouseurs en puissance, ces séances de thé, ces promenades dans la campagne anglaise. Aujourd’hui, je pars en reportage vers Granville. Je reviens ce soir. J’espère moins triste, et quoi qu’il arrive, mon bouquet d’étang m’attend dans ma cuisine, pour me rappeler que rien n’est si grave.

Commentaires

1. Le mercredi, 19 septembre 2007, 12:36 par Akynou

Très beau ton bouquet d'étang... :-)

2. Le mercredi, 19 septembre 2007, 17:24 par Oxygène

Je ne connais pas Jane Austen et tu me donnes envie de la lire. Akynou a raison, il est très beau ton bouquet d'étang.

3. Le mercredi, 19 septembre 2007, 17:36 par augenblick

bouquet des temps ; courage !

4. Le jeudi, 20 septembre 2007, 01:08 par Fauvette

Bon séjour à Granville. Tu as raison tout n'est pas si grave qu'on nous le dit, et en même temps...