Le lundi extraordinaire

Le lundi extraordinaire commence de manière extraordinaire.

J’appelle l’ami d’ami qui a du travail à faire et personne pour le faire. Il me dit « Ah t’es dispo ? Bhin viens ! » Je saute dans mes chaussures, bricole une coiffure, attrape un plan de Paris et m’ébroue au dehors.
Le boulot est loin, perdu au fond du 16ème, derrière Auteuil, derrière le monde que je connais.

Le lieu est extraordinaire, au moins autant que cette journée qui débute. La toute petite équipe de webmaster que je rejoins est composée de 8 mecs assez jeunes, plus le patron de la boite, que je connais bien. Et ils ont installé leurs ordinateurs portables en plein milieu… d’un hôtel particulier vide. C’est l’ancienne résidence d’un sculpteur connu, et le bail courrait jusqu’à décembre pour la personne qui louait ce palace. Cette personne a fait construire ailleurs, et, en attentant, il l’a «prêté» au gars qui m’emploie.

Je visite les lieux. Il y a 4 étages en tout, des miroirs partout, des statues de bronze envahies de végétation dans la cour arborée, il y a des marqueteries de bois sur le plancher, des marbres de couleurs différents, pour chaque pièce. D’épaisses moquettes, une immense verrière. Chaque chambre (vide) à sa propre salle de bain, ses toilettes, et donne sur un très grand balcon encadré de lions de pierre et de statues ailées. Je n’en crois pas mes yeux qu’un lieu pareil existe.
Une famille d’avocat vivait là, parait-il. J’ai du mal à imaginer un père et une mère, leurs enfants dans tant de splendeurs. La cuisine est du dernier cri, toute métallisée sombre, d’immenses frigidaires de luxe, des congélateurs trop haut, une cuisinière en fonte large comme une table profonde, avec 8 feux et un four dans lesquels on pourrait faire rentrer une biche.
Les informaticiens se sont retranchés dans l’immense salon, au rez-de-chaussée et ne montent jamais à l’étage.

Moi, je m’imagine que c’est ma maison et que je dois meubler toutes ces pièces magnifiques.
Quelles tentures pourraient magnifier ce plafond ? Quels tapis s’accorderaient aux ferronneries d’art de l’escalier de bois ?
Je rêvasse et dois quand même rejoindre mon poste.
Je nettoie une base de donnée, pour un site qui sortira sous une quinzaine de jours, peut être à la rentrée. Je suis heureuse d’avoir échappé à mon presque travail, pour me retrouver là.
Je serais payée pareil, un petit SMIC, mais quel bonheur, quel bonheur, de travailler, une fois dans sa vie, dans un tel lieu….

Commentaires

1. Le mercredi, 15 août 2007, 01:19 par Akynou

Tu as pris des photos ? Parce que tu nous mets l'eau à la bouche là :-)

2. Le mercredi, 15 août 2007, 11:03 par Marloute

J'en prendrais les prochains jours. Mais je pense que je ne les mettrai pas en ligne, pour ne pas qu'on reconnaisse les lieux...Enfin je vais me débrouiller...