A-Phone


Deux jours sans une seule parole.

Le vendredi soir, j’ai pété un plomb. J’ai retrouvé R., mon ami, sous le métro de Barbès. Rapidement, nous avons été pris de fous rire. La conversation a sens unique, c’est vraiment nul. R. n’arrêtait pas : « Voilà voilà voilà. Bon bhin et toi ? Ah oui, pardon, tu ne parles pas. Bon, sinon, ce matin je me suis lavé les dents, c’était sympa » On boit un coup pendant qu’il mange un kebab. Puis on se pose sur la terrasse de la Chope du Moulin Rouge, rue de Clignancourt. Le patron, gentil, m’amène un grog brûlant et me donne des conseils « Une cuillère d’huile d’olive pure avant de vous coucher hein ? ». La terrasse est venteuse, et d’autres amis nous rejoignent. R. annonce mon handicap à la cantonade en criant « Je vous présente Bernardo, mon fidèle compagnon sourd-muet » Les copains se marrent et rapidement, ils parlent ensemble, semblant m’oublier. « Alors, t’es amoureux en ce moment ? » Ils commentent les filles qui passent : « Ouh, jolie, mais un gros cul quand même ! » Parlent politique, et font un commentaire sur chaque membre du nouveau gouvernement. On continue de boire, certains sont motivés pour aller danser, d’autres non. Une discussion s’engage sur le fait qu’on va toujours aux mêmes endroits pour danser. « 10 000 bars sur Paris, et on finit toujours aux même endroits » Coup de fil à des connaissances : « Les copines de E. vont au Baron ou au Paris-Paris. » Consternation autour de la table : on rentrera jamais. « On va faire deux heures de queue et on rentrera pas. » Je m’agite, veut participer « Quoi Bernardo ? Tu penses que des bandits sont cachés dans l’hacienda ? » Je renonce. On va se coucher un peu souls, moi contente d’avoir été la petite souris chez les garçons.
Hier soir, autre fête, les trente ans d’un ami de Y. On est rentrés en décalés de Bourg la Reine, moi vers 1h du matin, Y. après 4 heures
Y. est rentré dans l’après midi et nos retrouvailles furent une fête. Blottis sur le canapés, les bras enlacés, nous nous sommes câlinés une heure, en inspectant nos changements : « -Tu crois que j’ai vieilli ?
-En une semaine ?
-Oui, moi je crois que j’ai vieilli. Et toi tu as bronzé non ?

Les séparations ne sont agréables que pour les retrouvailles qui les suivent. Y. repart mercredi, à Avignon cette fois. J’espère que je vivrais mieux ces nouvelles solitudes.