Chez eux (Suite)

Hier
je suis allée chercher mon filleul à son école, avec sa mère, ma copine. Il ne s’y attendait pas.
Nous l’avons trouvé, barbouillé de pâte chocolatée bio, en train de goûter avec ses amis au soleil. Il a pris les clés de sa salle de la classe à la maîtresse bienveillante et m’a tout montré.
Le four à pain où ils font cuire une fois par semaine leur pain, la trousse cousue par les parents, les blocs de couleurs qu’ils utilisent, les mandalas qu’ils réalisent pour apprendre la géométrie, les chants et les contes bibliques.
Quel enchantement !
Mon filleul a 7 ans, deux dents en moins devant, il ne sait pas lire, mais il ressent les formes, les couleurs et les sons d’une manière toute à lui.
Il est dans une école à part, une école Steiner.

Je ne pense pas que je mettrais mes enfants dans ce même genre d’école (j’aime trop la république) mais je me prend à rêver. 6 ou 7 élèves par classe, les plus lents apprennent à leur rythme, les parents et les instituteurs forment un socle soudé d’adultes compréhensifs et rassurants. Ce petit bout de chou, mon filleul, a grandi sans père, et il était une terreur affirmée avant ses trois ans. Quatre ans après, il obéit avec sagesse, fait le fou et rigole…
C’est un beau changement, hélas pas offert à tout le monde…

Le soir, nous discutons jusque tard dans la nuit avec mon amie, en buvant une tisane de mélisse. Je suis heureuse d’avoir pu discuté avec mon filleul de son père, lui redire à quel point il aimait sa mère et qu’il n’est pas parti à cause de lui. Pelotonnée sous un plaid sur le balcon, avec la vue sur Oullins, on discute, on se donne des nouvelles des amies perdues, qui travaille?, qui se marie? qui fait des enfants? On évoque le passé, nos raves parties dans l'Aveyron, les drogues et nos jeux d'adolescentes, les épreuves traversées, ce qui nous attend, les questions qui nous traversent.
Le lendemain, je rentre chez mes parents, un seul bus par heure, grimper la colline sous le soleil déjà chaud, boire une limonade en entrant, regarder mon père et vouloir l’embrasser et ne pas le faire parce qu’il me rudoie déjà, regarder ma mère et vouloir l’embrasser et ne pas le faire parce qu’elle n’en a pas l’habitude et que ces effusion la gêne.

Et pourtant,
c’est si bon, de se dire qu’on s’aime et se le redire, malgré les fiertés déplacées, malgré les rancunes d’antan…
La vie serait plus simple si on se laissait le temps de s'aimer un peu plus. Ou juste se le dire de temps à autre, comme ça, pour rien...
Je m’endors après le café, une grosse sieste a l’ombre des feuillages, dans les chants guerriers de oiseaux…

Commentaires

1. Le vendredi, 20 avril 2007, 17:51 par captaine Lili

"La vie serait plus simple si on se laissait le temps de s'aimer un peu plus. Ou juste se le dire de temps à autre, comme ça, pour rien..."
Comme tu as raison !

Et, rien à voir mais, j'ai rendez-vous avec le photographe lundi... gloups ! :-)

2. Le samedi, 21 avril 2007, 00:24 par Marloute

Gloups gloups!
Moi j'ai eu la rédactrice en chef au téléphone hier soir (pendant 1 heure!) , elle m'a réécrit tout le papier, je le lirais demain. J'espère que c'est pas trop "culcul"....
Bon d'ici là, eye-linner etc... et dispose des livres autour de toi, et prend le tien dans tes mains (si tu le sens)... ça pourra faire une bonne photo (en même temps, au final, le photographe garde toujours la plus gnangnan t'a remarqué?) On verra bien...

3. Le samedi, 21 avril 2007, 09:00 par Oxygène

Quel joli billet Marloute ! Je prends de plus en plus de plaisir à te lire.

4. Le samedi, 21 avril 2007, 14:13 par Marloute

Ouhhh, je joli compliment!
Merci Oxygène!

5. Le lundi, 23 avril 2007, 01:06 par Fauvette

Oui Oxygène a raison, c'est un plaisir de te lire.

6. Le mardi, 24 avril 2007, 09:26 par Marloute

Oulàlà, Si même "Madame Fauvette" s'y met, je n'en puis plus de compliments! Merci :)))