Un dimanche, un lendemain de fête à Paris

Je suis allée me promener aujourd’hui.
J’ai pris le vent sur l’esplanade de la Villette, face qu canal. En plein soleil, je me suis livrée à un exercice littéraire que j’adore : les tentatives d’épuisement d’un lieu parisien. C’est Georges Pérec qui le fait le mieux, alors je cite un petit texte de lui :
Il est une heure vingt. Retour (aléatoire) d'individus déjà vus : un jeune garçon en caban bleu marine tenant à la main une pochette plastique repasse devant le café. Un 86 passe. Un 86 passe. Un 63 passe. Le café est plein. Sur le terre-plein un enfant fait courir son chien (genre Milou ).Juste en bordure du café, au pied de la vitrine et en trois emplacements différents, un homme, plutôt jeune, dessine à la craie sur le trottoir une sorte de « V » à l'intérieur duquel s'ébauche une manière de point d'interrogation ( land-art ?). Un 63 passe. 6 égoutiers (casques et cuissardes) prennent la rue des Canettes .Deux taxis libres à l'arrêt des taxis, un 87 passe. Un aveugle venant de la rue des Canettes passe devant le café ; c'est un homme jeune, à la démarche assez assurée.

Quel bon dimanche, après la fête d’hier soir! Dans un immense appartement haussmannien, quelques centaines de mètres carrés en colocation. Des gens du cinéma, du théâtre, des étudiants, des profs, des journalistes, des musiciens. J’ai rencontré une secrétaire de production dans le cinéma, et du coup, j’ai découvert un nouveau métier. Un ami m’a dit qu’il touchait 150 euros la minute à chaque fois qu’une de ses chansons passait sur France Inter. Je suis encore abasourdie. 150 euros la minute !
J’aime ces dimanches, où j’ai dansé toute la nuit, dans une fête quelconque, où je dors jusqu’à midi, sans sentiment de culpabilité, de ne pas travailler. J’arrive de mieux en mieux à m’accorder des week-ends entiers de repos. Pas facile quand on travaille en indépendant ! On voudrait pouvoir multiplier le temps par 6.
Moi, j’aimerais en faire bien plus que ce que je fais.

Hier soir, pendant la fête, avant qu’on ne danse, avant qu’un ami mette Rachmaninoff, et Mahler sur le lecteur de 33 tours, avant qu’on ne boive du champagne, avant que je ne fasse tomber une grande lampe art déco en dansant, avant qu’on ne danse tous plus tard sur de la danse merdique de l’année 93 en hurlant de rire alors qu’aucun de nous ne prend de la drogue, avant tout ça, nous étions quelques uns à discuter, dans le salon principal.
On se rendait compte que cela faisait 10 ans que l’on était sortis du lycée. Pas moi, mais la plupart de mes meilleurs amis.10 ans, c’était dur à admettre. Le chiffre 10 et surtout, de se dire que l’on a l’impression de ne pas avoir fait assez de choses en 10 ans. Je n’étais pas d’accord avec eux, parce que moi, cela fait moins de 10 ans, mais surtout, tous, autour de moi, j’ai l’impression qu’ils ont tous fait tant de choses ! Et moi avec eux !

Ces amis, que je suis de loin en loin, que j’attrape parfois au détours d’une conversation, au détour d’une année, et avec qui je partage un bout de vie…Dix années de nos vies, dix ans. On a fait tant de choses en dix ans! Je donnerais bien tout ce que j'ai pour les revivre à nouveau, et j'espère que les 10 années qui viendront seront tout aussi riches, et que nous nous marierons tous, et fonderons tous des familles, et que nous allons tous réaliser nos rêves les plus profonds... 10 ans, c'est un petit homme, une petite vie, c'est une jolie dizaine que celle juste avant les 20 et juste avant les 30!

Ce dimanche de promenade m'a amené bien loin, et je vais recommencer la semaine avec un peu de recul.
Celui de la toute nouvelle maturité? Qui sait?

Commentaires

1. Le dimanche, 21 janvier 2007, 23:11 par Akynou

Hi ! Bienvenue dans la secte des Dotcleariens. Il ne te reste plus qu'à participer à un Paris-Carnet pour être complètement intronisée :-)

J'aime beaucoup les thème de Kozlika. Si tu arrive à traffiquer un peu ta feuille de style, n'oublies pas de la créditer :-)
Biz

2. Le dimanche, 21 janvier 2007, 23:27 par Marloute

"traffiquer un peu ta feuille de style, n'oublies pas de la créditer :-)"????
De quoi parles-tu Racontars?
Qu'est ce que c'est que ce charabia?
Quand tu m'expliqueras, je vais m'empresser de traffiquer ce que tu dis et de créditer ce à quoi à tu penses... mais d'ici là, c'est le grand vide!
Des bises
Marloute