Travail journalistique

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jeudi, 19 novembre 2009

Une première

J’ai eu l’insigne honneur d’écouter une conférence de ce monsieur-là.
Venu parler en petit comité à des journalistes en prévision de Copenhague, il ne dit rien de plus que ce que des milliers de chercheurs, statisticiens, astrophysiciens, biologistes, et bloggeurs comme Moukmouk disent par ailleurs : nous allons droit dans le mur.

Nous y allons à une vitesse stupéfiante et nous allons faire face à un phénomène d’une ampleur sans égale. Le début des grandes crises –une inflation telle qu’on aura plus ni les moyens de consommer, ni celle d’avoir une retraite ? 2100. Les premiers soubresauts ? 2010.
La démonstration est aussi anxiogène et dramatique qu’implacable.
Un moyen que propose J-MJ : arrêter de consommer, pour limiter les dégâts. Réduire tous nos salaires par deux. Surtaxer les populations.
Et surtout, payer des gens pour réfléchir à comment maintenir la paix quand dans toute l’humanité, on ne pourra ni se chauffer, ni manger à notre faim, alors que nos dirigeants continuent à axer notre avenir sur le PIB uniquement.  
Revenue au bureau, je m’interroge, en tant que journaliste.
Je veux bien essayer d’en parler à mes lecteurs (pas sûr que cela les réjouissent, mais bon) mais qu’en sera-t-il des annonceurs ?
Un magazine grand public, qui fait du chiffre grâce à la publicité, qui pousserait à l’arrêt de la consommation, ça ce serait une première !

Et bien on va essayer.

lundi, 16 novembre 2009

Bad headache

Mal, mal, mal, à la tête.
En formation en ce moment, j’apprends de nouveau à écrire, à travailler mon écriture journalistique.
Sortir des clichés, virer les conjonctions en trop, redonner du rythme à une phrase, mettre de l’humour, relancer la lecture.
Y. travaille de nuit, je ne le croise pas.
Seuls les habits rangés dans la penderie et la vaisselle faite annoncent sa présence du jour. J’ai mal à mal, mal, à la tête. Est-ce d’avoir trop réfléchir sur mes textes aujourd’hui ? Me prendre la tête sur la façon dont j’écris (mal forcément quand on a le temps de se poser pour y voir clair) ou plutôt la séance d’analyse qui m’a sonné : des trucs trop « gros » qui ne passent pas, et cette psy nourricière, à la fois mère et amante, avec qui je n’en finis pas de rejouer tous les rôles de ma courte vie ?
Mal, mal, mal, à la tête.
Je mange du chocolat en regardant des épisodes de Sex and The City (j’en suis à la saison 3, j’ai recommencé depuis le début) et pendant ce temps-là, le chat s’égosille à fendre l’âme de l’autre côté de la porte.
Mais moi… j’ai mal à la tête.

mardi, 3 novembre 2009

Le vertige

Ce soir, je prends une double ration de champagne et petits fours.
Une première fois au travail, payé par la direction pour fêter nos bons chiffres dans un paysage pourtant morose.
Il est presque 19h et j'enchaîne.
Une deuxième fois donc, dans le très lointain 16ème, où je me rends seule, sous une pluie terrible, pour voir elle et lui, et leur demander s’ils veulent bien m’accorder une interview pour un prochain sujet.
Je n’aurais pas fait le déplacement pour rien, car je repars avec leur accord de principe et une BD gentiment dédicacée.

Ces temps-ci, je suis prise d’un léger vertige quand je regarde les jours, les semaines et les mois qui viennent.
Ma « to do list » s’allonge vertigineusement et je suis parfois ébahie quand je vois ce que j’abats comme boulot dans la journée. Pourtant, il y a de quoi se faire des sueurs froides quand on voit le bouclage approcher à grands pas.
Et si cette fois-ci, je n’y arrivais pas ?

jeudi, 29 octobre 2009

Les p’tit boulots

 

Au travail, quand je décroche mon téléphone, à chaque fois que je passe par un standard téléphonique, mon cœur se serre. Je demande le plus distinctement à l’hôtesse de me passer la personne que je désire. Je répète mon nom, ne paraît pas pressée, même si l’info est urgente. Contrairement à d’autres journalistes, qui soufflent, tempêtent ou raccrochent au nez quand l’attente est trop longue, je suis une crème.  Idem pour l’hôtesse d’accueil en bas de l’entreprise, à qui je souris et j’envoie un bonjour sonore tous les matins. Idem pour la caissière de la biocoop que j’essaye de faire rire, même si je vois bien qu’elle a peur de faire une fausse manip’ en rendant la monnaie. Je suis gentille et compréhensive avec tous ces gens-là pour une raison bien précise, connue de moi seule : j’étais à leur place il y a un peu plus d’un an. Sortie de l’école, j’ai compris que le monde du travail ne m’attendait pas à bras ouverts. Je me suis fait des sueurs froides pour payer le loyer et l’analyse entre deux piges. J’ai enchaîné des petits boulots où j’étais à la fois inefficace, mauvaise et malheureuse. J’en garde un souvenir - non pas nostalgique- mais bien amer. Que d’énergie et d’enthousiasme gâché ! Les heures à ranger les rayons froids, à rester debout, à faire la caisse après la journée, à se faire exploiter, à remplacer des postes « cédéisables », à être méprisée continuent à me faire froid dans le dos en y repensant.
Chaque matin, je passe la porte de l’entreprise en étant heureuse.
Un vrai bonheur, puissant profond, qui est encore décuplé parce que je réalise, à chaque instant, la chance que j’ai. D’être là, et de faire ce boulot-là, que j’aime. Bien sûr, il a fallu toutes ces années, ces errances et ces impasses pour connaître et accepter les sujets qui m’animaient vraiment et prendre ma place dans cette société. Mais il y a eu la chance aussi, et des rencontres, qui ont fait que je suis là aujourd’hui. Et je frémis parfois en pensant à ce que j’aurais pu faire ce jour-là, où j’ai reçu ce mail, que j’aurais pu classer sans suite, pensant que je n’étais pas faite pour ça. Et j’aurais continué, avec entêtement, mes petits boulots et mes piges qui ne me satisfaisaient pas plus. Alors mon cœur se serre et je remercie un fois de plus l’hôtesse au téléphone, en espérant, mais comment en être sûre ? En espérant ne plus avoir à refaire ces petits boulots là.

samedi, 10 octobre 2009

Fatiguée

Dure fin de semaine.

 

Je me réveille sans goût, fatiguée, exténuée par la semaine qui vient de passer. Y. file au boulot, et moi je descend lourdement me préparer un café. A l’annonce de ma promotion - je passerai de journaliste à chef de rubrique – des tensions ont surgi dans l’équipe. Difficile de travailler dans la bonne humeur, malgré les pias-pias, les cachotteries et les inévitables jalousies.

 

Des amies sont arrivées hier soir pour dormir à la maison. Je me repose sur leur lit. Le chat ronronne contre ma paume, extatique sous les caresses. Suis allée chercher des BD à la bibliothèque. Mange un bout de quiche préparée par Y. en regardant un DVD, Marley et moi, qui me fait pleurer à la fin (oui, le chien meurt, c’est horriblement triste, même si je sais qu’il y a des choses plus tristes dans la vie)

Je ne sais pas si je fais bien, de travailler autant, de brûler des étapes, comme semblent le dire mes collègues. Je me trouve parfois trop vieille ou trop jeune, je me demande si ma stratégie est bonne : jouer le jeu de la direction tout en cherchant à protéger mon équipe. Mes collègues rigoleraient bien si elles savaient que je les appelle « Mon équipe ». Mais je ne peux pas m’en empêcher. Je suis un chef de bande même si je n’en ai pas le statut. Un jour, je sais que je dirigerais quelque chose, un magazine ou autre. Je ne sais pas quand, mais je me sens prête à le faire. Même si je suis loin d’être parfaite, et je n’aurais jamais certaines compétences. Je sais que j'en ai d'autres, et que ces qualités peuvent servir.

Je me fais un café.

Il faut aller faire des courses. Je ne sais pas quoi acheter. Jette un coup d’œil sur les produits de saison : des artichauts, des châtaignes, des figues, des pommes du raisin, du roquefort, des noix, des tomates et des poires. Il faudrait planter les bulbes de muscaris, de jacinthes et de crocus dans les jardinières avant l'hiver. La semaine dernière, nous avons fait un grand ménage à la maison. Trois sacs d’habits attendent de partir chez Emmaüs. J’ai acheté une bruyère, d’un rose exquis, et j’ai offert la même à une vieille dame, J. , qui vit seule dans mon ancien immeuble. Souvent, je pense à elle, dans sa très grande solitude. Elle n’a plus personne je crois, n’a jamais eu d’enfants. Ses amis sont loin, je ne sais pas comment elle endure le temps. Les journées doivent paraître si longue, sans amis, sans parents, sans animaux. Je voudrais aussi écrire à ma grand-mère. Pour l’instant, depuis juillet, je n’ai pas failli à ma mission et lui écrit une lettre chaque semaine. Elle a l’air heureuse de mes courriers, m’a écrit qu’elle les relisais plusieurs fois. Il fait si beau, je devrais sortir. Demander à R. qu’il me passe la première saison de cette série qu’il a l’air de trouver si bien. Demander à G. de venir faire une expo avec moi. Inviter M. à la maison pour manger des tomates farcies.

Pourquoi une telle langueur alors que ma vie rayonne ? C’est comme si j’étais épuisée d’avoir tout donné, d’avoir assuré sur tous les fronts, d’avoir résisté malgré la tempête. Je ne sais pas si je fais bien, mais en tout cas je fais. On verra ce que cela donnera. Inch’Allah comme disent les autres. Il faut attendre et endurer.

samedi, 19 septembre 2009

Sur le départ...

Je marche dans le parc des Buttes Chaumont, dans la fraîcheur du soir. Des groupes de juifs apprêtés passent. C’est Shabbat, on se promène. Je sors un roman, commencé en début de semaine, de la Chick Litt délicieuse. Dans mon sac, j’ai une bouteille de Chablis bio. J’attends l’heure de me rendre chez des amis pour manger, où Y. viendra nous rejoindre. Dans mes escarpins rouges, ma veste de travail, je ne me sens pas encore en vacances. Ma tête tourbillonne encore des dossiers en cours. Et pourtant, pour la première fois depuis que je travaille, depuis un an, voilà ce sont mes premières vacances. Deux semaines. J’ose à peine y croire et pourtant. Me voilà sur le départ…

mardi, 15 septembre 2009

Le métier

Je rentre du travail plus que claquée. A chaque fois que je fais de grosses journée, je pense à Leeloolène, qui enquille des horaires bien plus fous que les miens, et je me dis : si elle le fait je peux le faire. Ce matin, j’ai fait blanchir des cotes de blettes, pour les congeler afin de les manger plus tard.
Ensuite, j’ai filé à une conférence de presse dans de somptueux salons de l’avenue d’Iéna. En buvant mon café et en mangeant un pain au chocolat, j’essaye de calculer combien il me faudrait gagner pour avoir autant de lustres en cristal, des tapis rouges, des tableaux de maîtres et des services entier en porcelaine fine. Je n’écoute que d’une oreille la conférence, attendant surtout les questions de la fin, quand nous cuisinons les interlocuteurs qui nous invitent, mettant les pieds dans le plat, interrogeant les chiffres, faisant fi de toute la communication qu’on vient de nous servir.
J’adore ce moment, quand l’officiel s’embourbe, qu’une personne se penche vers lui, lui transmet une réponse sur un papier, que l’assurance vacille.
Au final, j’aurais de quoi remplir une bonne page du journal, avec ce bilan en demi-teinte de nos plus grandes institutions, obligés de reconnaître leurs contradictions. En rentrant en métro, je traverse Paris, élabore mon article en utilisant mes genoux comme pupitre.
J’aime ce métier, vraiment.

mercredi, 9 septembre 2009

Le temps de regarder en arrière

J’équeute des haricots verts, assise sur le canapé d’or du salon. Churchille folâtre à mes pieds, moi je suis soucieuse. Il ne me reste que très peu de jours avant nos vacances à New York, et j’ai beaucoup d’articles à écrire. Je ne suis pas sûre de réussir à tout faire. A la radio, j’écoute Cécile Duflot défendre ses positions pied à pied, avec calme et humour, face à un vieil éléphant anti-écologie dont je n’ai pas retenu le nom. J’attends Y. qui ne devrait pas rentrer trop tard, contrairement aux autres soirs de la semaine.
L’écriture du blog me manque. Je sais, je sens que je devrais reprendre, me retrouver des marques, pour pouvoir poster plus souvent, et me permettre de jeter un regard en arrière sur le cours de ma vie. Cela fait un an que je suis rentrée dans cette entreprise, à laquelle je me suis attachée, et dont le destin, le contenu, la réussite me préoccupe. Moi l’indépendante, j’ai acquis la culture d’entreprise, avec une facilité qui m’a déconcerté moi-même. Me voilà à penser comme un patron, plutôt qu’à ma pomme de salariée. C’est grisant, intéressant, cela fait voir les choses d’en haut. D’un peu plus haut.

jeudi, 25 juin 2009

Nous verrons bien

Revenue d’Allemagne pour le boulot, j’ai dans les poches pleines de produits bios : des thés, des tisanes, des pâtés végétaux, des petits pains, des chocolats. Cette semaine est chaotique : il faut réussir à coincer tous les gens prévus en interview avant qu’ils ne partent en vacances. Mon livre n’avance pas trop… Je n’ai pas bien le temps de me pencher dessus, mais je crois que l’échéance est fin juillet. Je m’essouffle un peu, me demande comment trouver le temps, cherche l’inspiration, la motivation par delà la fenêtre. Je me demande si je dois passer quelques jours à la montagne avec Leeloolène… Je pense que cela me fera du bien… Mais il y a temps de choses à faire !

Nous verrons bien…

mercredi, 10 juin 2009

Les départs

Ce soir, je suis heureuse d’avoir pu voler quelques heures sur mon travail pour croiser un bon compère ours et sa blonde, dans mon quartier. Il tombait une pluie diluvienne. Je suis arrivée trempée, les cheveux défaits, les chaussures faisant floc-floc. Mais rapidement, j’ai oublié mes habits mouillés. Nous nous sommes accoudés au zinc pour deviser comme si on s’était quittés la veille. Etrange, étrange, comme avec certaines personnes, la parole coule comme une source d’eau vive. On se quitte à regret, alors qu’on se connaissait à peine quelques heures plus tôt.

Après-demain, je partirais au dessus de Modane pour trois jours. Je ne voulais pas spécialement partir pour trois jours de congrès et de randonnée avec mon association de journalistes. J’ai même essayé de me défiler au dernier moment : livre à écrire, travail à finir, ménage… Mais rien à faire. On m’attend là-bas. J’irais donc, et ferais contre mauvaise fortune bon cœur…Faire de l’intendance, de la logistique, supporter des journalistes grincheux et mécontents sûrement. Mais aussi sans doute apprendre des choses et profiter, un peu, j'espère...

Ce soir, je regarde la chatte, Churchille, me sonder de ses yeux verts. Sait-elle que pendant trois jours, elle sera seule dans son domaine ?
Y. décolle demain, moi après-demain.
Aux aurores, tous les deux.
Il fait nuit depuis longtemps et j’ai encore les cheveux humides de l’averse vespérale. Y. a finit son sac.
J’embrasse mon amour.
Sur les lèvres, les mains, la nuque, les cheveux. Il se laisse faire, confiant, abandonné, comme un homme qui aime. Me renvoie à son tour des baisers, chuchote des mots d’amour. Je lui parle longtemps. A quoi pense-t-on quand on se quitte ainsi ? Au mi-temps de la vie, au milieu de la nuit ? Il faudra pourtant nous y faire, de ces départs précipités, à ces grands chambardements, de ces envols vers des pays au-delà de chez nous, où tout est bouleversé, où rien n’est sûr, même pas la date de son retour.
Il me faudra réapprendre, le parfum particulier de l’aventure, même si je la vis par procuration.
Et un jour, moi aussi, peut-être, qui sait ? moi aussi, retourner là-bas…

lundi, 8 juin 2009

Du stress

Très peu dormi cette nuit.
Le chef de Y. a appelé à 23h sur le téléphone fixe, n’arrivant pas à joindre Y. sur son portable éteint. J’ai décroché mi furieuse mi inquiète. Un téléphone qui sonne dans la nuit, c’est soit une erreur, soit une mauvaise nouvelle. Mais non. C’est à cause de la « mort » d’Omar B. Il fallait partir, vite-vite, dès le lendemain matin si possible.
Alors,  Y. a préparé son sac, fais la liste de ce qu’il lui restait à faire pour son départ précipité. Il a tourné et retourné dans l’appartement, m’a réveillé plusieurs fois. Tout compte fait, le fameux chef d’Etat ne serait pas mort… Mais qui croire ? Bref, Y. est en sursis, sans savoir s’il décolle ou pas, ni quand.
Moi de mon côté, je passe de l’inquiétude au bonheur. Inquiétude et stress léger au travail. Va-t-on réussir à terminer la dernière ligne droite avant les congés d’été et la grande torpeur ? Mais je suis heureuse. J’ai plein d’idées pour mon travail et de quoi m’occuper pour les mois à venir. Le rendez vous avec les éditions L. s’est bien passé. Ils me proposent un premier petit ouvrage, qui pourra déboucher ensuite sur une collection, si tout se passe bien.Leur dernière proposition me plaisait moins, là, je suis enchantée.
Il faudra juste trouver le temps de travailler, soir, dimanche, congés, pour le faire, mais j’ai bon espoir.
Je dois relancer des piges aussi.
J’ai quelques idées, mais pas encore bien définies…

jeudi, 9 avril 2009

La carte

Elle était là depuis plusieurs jours et bien sûr, je n’avais pas pris le temps de vider la boîte aux lettres.
Quand j’ai reconnu l’enveloppe, pour avoir vu celle que Y. reçoit tous les ans et que j’ai senti la dureté à l’intérieur, mon cœur a fait un bond de joie.
J’ai attendu Y. pour l’ouvrir.
Si fière !
Si fière après toutes ces années à la demander, à me la voir refuser par la commission, à l’espérer pour la voir enfin. Maintenant, à chaque fois que j’ouvre mon portefeuille, je ne me lasse pas de l’admirer. Bien sûr, elle m’aurait plus aidé par le passé, quand je galèrais, que les attachées de presse me regardaient avec suspicion et que je devais payer ma place dans les salons d’environnement. Maintenant, c’est différent.
Mais quelle heureuse surprise tout de même !
Ce week-end, promis, je vais l’inaugurer… dans un musée !


vendredi, 3 avril 2009

Avec le temps

J’aime bien arriver tôt, à 9h, quand il n’y a encore personne dans les bureaux. Les premiers arrivent à 9h30, les autres à 10h30 ou 11h. Je suis seule, je vérifie mes mails pro, j’ouvre la fenêtre pour aérer une vingtaine de minutes, je lance un café. Puis je vérifie les titres du jour, l’actualité dans ma spécialité. Souvent, je dois partir en conférence de presse, sur les coups de 11h. Elles se déroulent dans les plus chics quartiers de Paris. Je découvre des salons, des lofts, des bureaux, des ministères, des ambassades où je n’aurais jamais mis les pieds autrement qu’a travers ce boulot. Je rentre à la rédaction et j’écris. Beaucoup. Souvent je branche la musique à fond dans mes écouteurs parce que l’open-space est un espace douloureux parfois pour la concentration. Et puis le temps file, je ne fais pas de pause, ou rarement, pour manger un gateau ou un fruit. Puis arrive 18h, les premiers partent, moi je traine un peu. 19h, 20h, j’éteind l’ordinateur. Toute mon énergie, mon envie, ma force passe dans ce travail. Je sais bien que je néglige mes mandats associatifs, et que je ne vois plus trop mes amis. Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai besoin de m’investir à fond en ce moment là dedans. Peut être parce que j’ai peur, horriblement peur, que quelqu’un un jour se rende compte de mon incompétence. Et puis des fois je me dis que je dois bien avoir quelques idées, sinon ils ne m’auraient pas garder. Mais tout de même, quand je vois certains projets qu’on veut me faire porter, je me dis Non !!! Je ne suis pas la bonne personne ! Il ne faut rien me confier !!!Comme si une force plus puissante que moi me poussait à déserter. La non confiance fait des ravages. Je me demande quand s’acquiert la confiance ? Avec le temps ?

mercredi, 25 mars 2009

Coup de th^éâtre

Incroyable mais vrai : ils m’ont embauchée.

Je sais que le rédac chef a fait du forcing, mais je me demande encore comment ça a pu passer. Je me suis tellement plainte et désespérée que je n’ose même pas y croire encore.

CDI. Les trois lettres s’enroulent et glissent dans mon oreille. Je répète ces mots C.D.I. C’est divin. Pour la première fois depuis…. Pfffffuiii…. Je ne sais même pas, parce que j’ai grandi avec cette peur absolue du chômage toute mon adolescence et toutes mes études.

Hier, j’ai acheté deux gros bouquets de fleurs. Ils trônent sur la table dans la rédac. Nous sabrerons le champagne lundi, après le bouclage. Le soir, j’ai fêté l’embauche au champagne aussi, avec 4 copines de l’ASJ de Tours. C’était de rigueur après ces années de galère. Quand je suis rentrée, Y. tombait de sommeil, après sa courte nuit de 4h pour préparer son reportage. Il me disait pour rigoler « Ca y est, t’es une adulte maintenant ! » Je ne sais pas. mais je me sens mieux c'est sûr.

lundi, 23 mars 2009

La dégringolade

C’est niet.

C’est non.

Pas d’embauche donc.

Je ne sais même pas si je dois revenir demain. On m’a laissé partir sans me dire la suite.

Ce soir, mon sort était décidé en haut lieu. Demain, je saurais ce que l’on me propose. Soit la porte, soit un prolongement de mon CDD, ce sont les bruits de couloirs. L’équipe est atterrée, le chef un peu en panique.
Moi je suis chamboulée.
Impression d’avoir fait une faute, alors que je me suis donnée à fond depuis six mois dans mes deux contrats successifs. Impression d’être trahie, de ne pas avoir de reconnaissance, alors que j’ai vraiment fait du bon boulot. A 28 ans, j’ai le sentiment de piétiner, comme si cette précarité grimaçante qui me colle à la peau faisait de moi une pariât, une « non-admise » au club des « titulaires ». Moi j’ai envie d’avancer. Envie de stabilité. Envie de faire des projets. Tout est remis à plat : avec un CDD, je ne peux pas déménager, je ne peux pas faire de bébé, pas de prêt bancaire. C’est peut-être très con…mais avec un autre statut, j’aurais l’impression de passer une étape, de pouvoir me projeter. Là, rien. Je vais réfléchir cette nuit. Que faire ? Pour ne pas rester les bras ballants, j’ai demandé un rendez-vous avec les chefs des chefs des DRH. Je l’obtiendrai peut-être, si quelqu’un daigne me recevoir, eux qui ne parlent qu’en chiffre, combien je vais leur couter, combien vont-ils donner aux actionnaire à la fin de l’année?. Moi je veux parler. Avec de vrais gens. Avec ceux qui décident. Essayer de comprendre, et pouvoir leur dire : mon dynamisme, ce que j’ai fait depuis septembre, les choses sur lesquelles j’ai fait avancer le magazine. Peut être que cela n’avancera à rien. Mais j’aurais moins l’impression de me laisser broyer, de n’avoir rien fait, d’avoir subi le système.
Et se remettre en selle, puisqu’il le faudra bien.
Même si c’est inhumain, sans pleurer, ni crier à l’injustice.Mais se dire qu'on est bien peu de choses, face à des grosses boites pareilles.

vendredi, 13 mars 2009

L'ostéopathe

L’ostéopathe me dit que j’ai un traumatisme ancien, du à un choc ou une chute, que mes hanches ont bougé pour contrebalancer, que ceci expliquerait les nouvelles douleurs dans le dos, dans la nuque et lors de certaines positions de yoga.
Je me souviens bien qu’à Gand en Belgique, avec mon amoureux, je suis tombée à moitié dans le canal, une nuit d’ivresse et que mon coccyx a heurté quelque chose.
Ce matin, après les manipulations de la veille, je suis fourbue, courbaturée, comme après un combat.
Le medecin a vérifié avant que je ne reparte : « C’est bon. Les hanches sont remises en place. Vous ne devriez plus ressentir de douleur dans quelques jours. »

Aujourd’hui au bureau j’essaye de terminer à temps les articles pour le hors-série que nous préparons. Je suis contente et fière de ce numéro qui va sortir. Je vais ensuite passer le week-end, à ma grande déception, sur un salon, à jouer à l’hôtesse, loin de mon amoureux que je n’ai pas vu de la semaine et qui se reposera à la maison.
Le début de semaine prochaine sera fatigant, je le sens.  

lundi, 9 mars 2009

Peut-être

Y. est parti en reportage pour deux ou trois jours.
J’ai été effrayée comme rarement par ce départ. « Tu feras attention ? » « Tu n’auras pas d’accident hein ? » Ce week-end, je n’ai pas fait tout ce que je voulais faire. Mais quelques petites choses bien. Nous avons pris nos places pour partir en week-end à Berlin à la fin du mois. Je me suis inscrite à un atelier d’écriture. J’ai pris des livres géniaux à la bibliothèque du quartier. Préparé un collier d’agneau, avec des légumes « presque printaniers » : carottes, petits pois surgelés, navets, oignons grelots. Nous avons vu le documentaire/film de Robert Kramer, Route One / USA (en plusieurs bouts car il fait 6h je crois). Nous sommes allés manger chez nos amis qui ont un bébé et à nouveau, Y. a posé des questions au jeune papa.
Plus que trois semaines avant de savoir si j’ai, enfin, mon CDI. Il commence à y avoir des tensions avec l'équipe. J'ai peur souvent qu'on remarque mon incompétence, qu'on fustige mon manque de rigueur, qu'on m'accueille au travail avec des pierres pour une lapidations sur la place publique.
Y., lui, a peut être aussi une opportunité d’être titularisé dans son service. Nous croisons les doigts tous les deux, pour sortir, un moment du moins, de cette précarité étouffante, avec laquelle nous vivons depuis tant d’année. Alors, alors… peut-être faire des projets, enfin. Voir plus loin que la fin du mois. Un jour peut être…

jeudi, 26 février 2009

La journée-nuit

9h45 j’arrive au boulot. Je suis fatiguée et j’aurais aimé dormir plus…
 

J’ai hâte qu’il se mette à faire beau, car le bureau est désespérément sombre. Je lance un café. Ma « to do list » est posée sur ma table. Si j’ai fait moitié de ce qui est écrit dessus, j’aurais bien réussi ma journée… Je ne suis pas très motivée. Dans une vie idéale, je serais allée dans un haras pour (re)apprendre à monter à cheval et surmonter ma peur, je me serais inscrite à un cours intensif d’anglais, ou j’aurais fait un stage pour écrire une nouvelle. Mais je suis là et il faudra bien faire ce que j’ai à faire !
Mes collègues n’arriveront qu’à 10h, voir 10h30.
 Dehors, on dirait qu’il fait nuit.

samedi, 20 décembre 2008

Les affres de l'angoisse

Semaine étrange…

Je veux faire trop de choses, je me plante. J’accepte un travail en dehors de mon travail, sous payé et pas intéressant, pour une marque qui me fait plutôt vomir…Travail à faire en trop peu de temps, en impliquant des gens autour de moi. Mais, sans comprendre pourquoi, j’accepte. Ai-je eu pitié d’eux qui se débattent avec un appel d’offre trop court ? Me suis –je sentie flattée qu’on vienne me chercher ainsi, comme une « spécialiste » ? Avais-je donc tant que cela besoin de ces trois euros en plus de mon salaire? Mais n’ai-je donc toujours pas suffisamment de valeur à mes yeux que j’accepte ainsi n’importe quoi ? Je passe une nuit blanche à me dire que j’ai fait une erreur d’accepter. Le lendemain, je veux me rétracter, mais je n’arrive pas à avoir les gens en direct. Je laisse des messages mails et le « client » panique. On me laisse sur mon téléphone un message très sec, limite méprisant, et quand même mielleux, pour que je ne parte pas. J’ai encore moins envie de travailler pour eux…Je n’ai pas réussi à rappeler pour dire que je n’étais plus intéressée. Je n’ose pas. Me torture à chaque fois que j’y pense…
Ce week-end, a chaque fois que mon téléphone sonne, je regarde avec les yeux écarquillés de peur le numéro avant de décrocher prudemment. Dans quel état je me mets parfois ! Je ne comprends pas toujours pourquoi je commence à m’emballer pour un projet et me rétracte souvent le lendemain. Qu’est ce que je me complique la vie ! On se met parfois dans des états pas possibles… pour des gens qui au final, se débrouilleront très bien sans moi…

mardi, 2 décembre 2008

Avec moins d'entrain

Hier, j’étais au salon du livre de Montreuil. Je faisais des interviews d’auteurs, de parents venus avec leurs enfants, d’illustrateurs et d’éditeurs.
Je suis passée vite fait voir mon expo, j’étais fière et contente de la voir en vraie, montée sur panneaux. Mon chef appelle sur mon portable. J’entends qu’il me parle de mon contrat. Tout compte fait, je ne vais pas être titularisée comme on me l’avait dit le 24 décembre. Non. A la place de cela, on va me refaire un CDD de la même durée, soit 4 mois. "Tu comprends, ça se fait, ils font la même chose avec tout le monde, blablabla". Je raccroche, dans une angoisse généralisée. C’est un gros mensonge de leur part, car ils ne l’ont pas fait pour ma collègue 6 mois plus tôt. Et merde. Moi qui croyait sabrer le champagne avec mes parents, un souci en moins pour tout le monde de me savoir « cédéisée. »Je continue mon reportage au salon avec moins d’entrain.
Je n’en dors pas vraiment de la nuit. Le lendemain, je vais voir mon chef. On m’assure que mon travail est parfait, que ce n’est qu’une procédure, que je serais titularisée à la fin du deuxième contrat. Je ne suis qu’à moitié rassurée.
Hier soir, en partant de Montreuil, je suis allée boire un pot avec une amie illustratrice. Elle a réussi à me faire voir les choses autrement : « Quelques semaines avant la fin de ton contrat, tu recontacte tes clients d’avant, tu réactive ton réseau. Tu vois ce que tu as envie de faire et qui tu peux démarcher. Comme tu auras fait 6 mois de contrat, tu toucheras un petit peu d’Assedic. Profites-en pour peaufiner un gros projet d’édition : propose une collection, étudie le marché, écris des synopsis. Ce sera plus facile de rebondir avec un projet. » J’aime l’enthousiasme de cette amie, que je connais assez peu (c’est une amie d’amie) mais ses paroles m’ont mis du baume au cœur… pour ne pas perdre espoir !

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