Le divan de Marloute

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dimanche, 14 octobre 2012

Hystérique

Il fait froid et humide mais je rechigne à allumer le chauffage. Il faudrait changer notre chaudière, car celle-ci est en bout de course. L’hiver dernier, il a fallu pousser les radiateurs à fond à chaque fois qu’on voulait prendre une douche… Je ne sais pas si je me sentirais de refaire un hiver comme ça.

Ce week-end était à la fois reposant et épuisant.

Epuisant parce que les peintres étaient venus dans la semaine, que la peinture n’était pas sèche, je suis partie dormir chez des amis dès le jeudi soir. Vendredi, nous avions donné la petite à garder à ces mêmes amis et nous sommes partis dormir dans l’appartement d’une amie, qui nous le prêtait, à coté de Bercy, après le concert de Radiohead.

Le lendemain, c’était l’anniversaire de ma fille, et j’ai eu la présence d’esprit de le fêter chez les voisins du dessus. Ils avaient fait un crumble, acheté des bougies, dans leur bel appartement que j’adore. Chez nous, c’était Beyrouth. On a passé une bonne soirée tous les six, à boire du bon vin et manger des crêpes, pendant que nos filles jouaient. Le lendemain, il a fallu re-poncer les tomettes, puis nettoyer la poussière rouge qui s’était déposée partout. J’ai raté la couche de finition, et ce matin, après les huit heures de séchage, le sol paraissait plus abîmé qu’avant mon passage. Il a fallu tout recommencer : à nouveau poncer, nettoyer, et re-huiler cet après midi.

J’ai eu des moments de désespoir : je revenais du marché et des courses sous la pluie, juste à temps pour emmener R. à un atelier d’éveil musical, toujours sous la pluie. Je suis revenue trempée et affamée, et Y. refaisait mon travail de la veille, et nous nous sommes engueulés, parce que j’avais faim, R. aussi, et nous étions trempées et fatiguées.Je me souviens que j'ai crié, puis je me suis recroquevillée, en larmes sur le sol de la cuisine, et qu'Y est venu m'embrasser pour me réconforter, et R. m'a amené son doudou. Je m'en suis voulue de craquer ainsi, comme si j'étais incapable de passer ces moments difficiles.

Mais j’ai aussi pu me reposer.

Samedi matin, comme je n’étais pas chez moi, je me suis pris un long bain, je me suis fait un thé et je me suis rendormie sur le canapé, pendant qu’Y. faisait la grasse matinée.

Dimanche après-midi, je suis allée au hammam, avec les copines.

Dans les vapeurs, oublier ses soucis, et s’endormir encore dans la salle de repos, éclairée à la bougie, dans la pénombre et les chuchotements.

Notre appartement ne ressemble à rien : tout est sous bâche, tout est poussiéreux, il faudrait plusieurs jours pour faire un grand ménage. Nous sommes dimanche soir, et je n’ai la force de rien. Je coupe des oignons et fait une petite soupe bien chaude, pour nous remonter le moral, à Y. et moi.

Ces travaux qui n’en finissent pas me rendent folle. Je suis comme les chats. J’ai besoin que mon chez moi soit très douillet et ne change pas trop, pas souvent…

Il fait froid et mon plaid en duvet, trouvé pour 5€ il y a10 ans sur un vide grenier, que je traîne partout, n’y suffit plus. Il faudra bientôt allumer le chauffage. Et changer la chaudière avant l’hiver.

 

lundi, 24 septembre 2012

Le Ciel

Le merveilleux week-end n’a pas réussi à chasser les nuages du quotidien.

Ce n’est pas faute, avec l’amie, d’avoir cherché à éviter les sujets qui fâchent. Nous nous sommes dorlotées l’une l’autre, à grand coups de thé, de crumble et de shopping déco. Nous revenons, R. et moi, du Grand Ouest,  dans un train bondé où les voyageurs s’endorment. Je cherche à endormir la petite, lovée contre mon ventre, dans une berceuse sans fin, en vain. Elle séduit un jeune couple dans le wagon, à qui elle prête par intermittence son doudou qui sent si mauvais, ravie.

Elle s’endort enfin dans le taxi alors que se lève la tempête. Sous l’averse, je paye et m’extrais difficilement, avec deux sacs, un petit enfant dont la tête dodeline dangereusement, effleurant la portière. Je la couche habillée et m’endors aussitôt seule dans le grand lit, pour me réveiller 8h plus tard, le ventre en vrac. Ce matin, il y a Marine Le Pen sur les ondes d’Inter. J’éteins. Y. est parti jusqu’à demain soir et j’emmène la petite sous la pluie battante.

Ce matin. L’ascenseur de la nounou est cassé. 7 étages à pieds.

Ce matin, le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle et je voudrais réciter par cœur le poème de Baudelaire, mais je ne le connais pas par cœur. Alors je vous le remets là.

 

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

 

Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,

Et que de l'horizon embrassant tout le cercle

Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

 

 

Quand la terre est changée en un cachot humide,

Où l'Espérance, comme une chauve-souris,

S'en va battant les murs de son aile timide

Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

 

 

Quand la pluie étalant ses immenses traînées

D'une vaste prison imite les barreaux,

Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées

Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

 

 

Des cloches tout à coup sautent avec furie

Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,

Ainsi que des esprits errants et sans patrie

Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

 

 

– Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,

Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,

Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,

Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

 

 

  

 

 

mardi, 18 septembre 2012

Pour aller mieux

Revenus de week-end prolongé j’ai une pêche d’enfer. Je marche, je marche, je marche, mes cinq petits kilomètres pour aller travailler, et le soir, pour me reposer, je prends un long bain chaud avec des sels de bains. Donnez moi une baignoire et je suis la plus heureuse des femmes.

Depuis quelques temps aussi, je fais, quand je peux, un peu de méditation, dix minutes, plusieurs fois par semaine.

Toutes ces petites choses, pour moi, me font du bien, rechargent mes batteries.

J’ai d’autres envies, d’autres idées, je cherche comment les mettre en pratique.

Et vous, quels sont vos rituels pour aller mieux ?

 

mardi, 11 septembre 2012

La course

En ce moment, je me pose beaucoup de questions, je me demande pourquoi je suis sur Terre, ce que je dois faire de ma vie.

Je me demande à quoi sert tout cela, et si je vais vraiment courir ainsi jusqu’à ma mort.

Je trouve cela étrange de ne pas savoir, et tout aussi étrange de me poser la question.

samedi, 1 septembre 2012

Enfin bien

Il est presque minuit. Y. chante doucement dans mon dos, grattant sa guitare : « Only love is all maroon… ». Nous venons de voir un film d’elle. C’est une actrice et une réalisatrice précieuse. Elle est très lumineuse, très intéressante, très riche. Pourtant, j’aime et je n’aime pas, son courage dans les scènes de sexe, sa fantaisie, sa fraîcheur, son décalage, son ridicule parfois.

Cette semaine, j’ai lu deux livres sur l’adolescence : « No et moi », de Delphine de Vigan, et puis « Le journal de Carrie », étrangement très bien écrit aussi.

Cela m’a plongée dans un état bizarre. Comme si ma propre adolescence remontait à la surface.

Depuis que les deux livres sont finis, j’ai l’impression de reprendre un peu ma vie.

Cet après-midi était très doux. Nous avons emmené R. toute colérique et boudeuse dans ce grand magasin du 3ème arrondissement. Nous sommes repartis avec des échantillons de papiers peints si beaux, qu’on voudrait en mettre partout.

Après un détour par le merveilleux marché des enfants rouges pour acheter de quoi faire un petit repas le soir, nous avons emmené notre blondinette dans un square grouillant d’enfants trop bien habillés. Partout des gens comme nous : des couples bobos avec enfants, une Mac Laren, des mamans en jean’s et des papas avec des petites barbes de trois jours. Partout les mêmes, travaillant aux mêmes endroits. Nous sommes tous des clones, c’est triste et drôle à la fois. Il y avait même cette jeune femme qui relooke des gens sur M6, elle jouait avec sa fille d’a peu près 3 ans et j’étais bizarrement un peu rassurée de constater qu’en vrai, en vrai quoi, elle a un énorme fessier !

Ce matin, j’ai voulu aller faire des courses dans un supermarché.

Je n’avais plus l’habitude, et surtout, je n’avais pas réalisé que c’était le dernier samedi avant la rentrée. Le supermarché se remplissait, se remplissait, et moi je me sentais de plus en plus serrée. Trop de choses, trop de monde et les caddys qui s’entrechoquaient. Je suis partie sans avoir la moitié de ce que j’avais mis sur ma liste. J’ai fini comme d’habitude dans le Monoprix désert, trop cher pour la population du quartier.

Je suis rentrée par un parc, et j’ai lu au soleil le Hors Série de Philosophie, sur la BD. Ce soir, je lirais la suite de la bédénovella commencée il y a quelques mois.

Ce soir, dans notre appartement trop blanc, je me sens enfin bien.

mardi, 28 août 2012

La vie passe

Hier soir, en remontant un peu avant minuit un boulevard parisien, après avoir laissé mes deux amies de lycée, A. et L., je me faisais la réflexion que nous n’étions plus sur la même longueur d’onde.

Je sens une distance entre nous depuis la naissance de la petite R. Même si elles passent toutes deux du temps chez moi, et qu’elles voient R. souvent, je sens bien qu’une distance s’est installée. Elles se voient souvent toutes deux en dehors de moi et c’est peut-être cela qui m’avait mis mal à l’aise hier soir. Les écouter parler de soirées et d’amis communs dont je me suis volontairement écartée. Hier soir, A. voulait savoir si j’étais triste du départ de mon amie A-C et M son amoureux, et leurs deux enfants, redescendus ce week-end à la capitale des Gaules. Bien sûr qu’ils me manquent.

Déjà.

Samedi midi, quand nous avons fini leur déménagement, j’avais le cœur serré de parcourir les pièces de leur F3 audonien, me souvenir des soirées passées. Tout me paraissait sale et petit. Je me souviens des étoiles dans mes yeux quand ils avaient emménagés, en 2008.

Et là…

Il ne restait qu’un sac par terre, un peu de vaisselle sale, une poubelle à descendre.

Quelle tristesse quand on quitte un lieu qu’on a aimé ! On dirait qu’elle suinte des murs, qu'elle sourde lentement du parquet.

Dans quelques jours, je dois courir une course, moi qui n’ai jamais couru longtemps de ma vie. Je me suis inscrite en mars, quand je croyais encore que je pourrais vaincre mes démons et retrouver cet enthousiasme que j’ai toujours eu.

 Au lieu de cela, je n’ai jamais réussi à me lever pour m’entraîner, encore moins essayer le week-end.

Mais je n’ai plus le choix. Mon dossard est arrivé. J’ai acheté des baskets et je suis allée courir dimanche. 2 pauvres kilomètres et j’ai cru mourir de douleur en me levant le lendemain pour aller travailler.

Samedi soir, avec mon ami R. nous avons écumé plusieurs bars de Belleville, nous lamentant de ne connaître personne ce soir-là pour nous accueillir en soirée.

Il est bien loin le temps où les plans se succédaient, où il suffisait de regarder le portable pour qu’il sonne, nous emmenant d’un bout à l’autre de Paris. R. sort encore beaucoup, et moi plus du tout. Le soir, même le week-end, je suis trop fatiguée pour même passer un coup de fil.

Alors, sur un coin de table, après quelques mojitos, nous avons fait une liste des soirées qu’on pourrait organiser cette année.

Et je suis bien motivée pour en faire quelques unes.

La vie passe et ce soir, il y a ceux qui partent, ceux qui arrivent, il y a les amis d’avant, les nouveaux.

La vie passe et je suis bien songeuse.

EDIT : Ce soir, je constate qu'il y a 900 billets sur ce blog.

Le 800ème me paraît si près!

Merci à tout ceux qui lisent! 

 

 

 

mardi, 26 juin 2012

P. te cherche

« P. te cherche, il est fou de rage. »

C’est le genre de petite phrase, quand on rentre de la cantine, qui vous retourne l’estomac pour y mettre un nœud, bien difficile à dénouer.

mercredi, 13 juin 2012

Il pleut

Il re-re-pleut.

Ras-le-bol des allers-retours en poussettes, à tenir d’une main le parapluie et de l’autre à manœuvrer entre les nids de poules de la chaussée.

Quelle tristesse que ce temps !

Demain, Y. s’en va de nouveau.

Je regarde avec effroi la semaine qui m’attend.

Les journées sont horriblement trop courtes. Pour travailler, pour penser à moi, pour m’occuper de la maison, de la petite, de notre couple.

J’aimerai trouver du temps pour moi.

En fait, j’aimerai être comme ces filles-là, celles qui savent bien jongler, et qui arrivent encore à prendre soin d’elles. Celles qui se lèvent tôt, avant la maisonnée, pour coudre, pour créer, pour écrire, pour faire des projets.

Chaque matin, depuis janvier, j’ai du mal à me lever. Je suis fatiguée, très fatiguée. A 8h, 8h30, j’essaye de me sortir du lit, péniblement.

Je ne marche plus depuis quelques semaines. Voici deux mois que je n’ai pas remis les pieds au yoga. Et je n’écris plus le matin, ou si peu.

Je me suis inscrite à la Parisienne, mais je ne suis jamais allée courir. Jamais. Autant dire que je risque de ne pas participer à l’événement à ce rythme-là.

Je crois que j’ai perdu la gouache. L’envie. J’ai ma petite idée sur ma perte de motivation. C’est, bien sûr, lié à l’arrivée de P.

Moi qui ai tant besoin de reconnaissance, je suis frustrée. L’impression que mon travail ne sert à rien, s’il n’est pas reconnu. Bien sûr, il faudrait que j’apprenne le détachement, il faudrait que je mûrisse, que je sois moins dépendante du regard de l’autre, mais comment faire ? Ce n’est pas en connaissant ses failles qu’on arrive à se défaire de ses travers.

Hier, avec Y. nous avons regardé le documentaire sur Robert Crumb de Terry Zwigoff. J’étais bluffée. Après avoir lu : « Parlez-moi d’amour », du couple terrible Aline et Robert, j’ai été fascinée par le documentaire, si bien représentatif de l’œuvre de Crumb et de ses failles. Les trois frères se livrent là-dedans comme jamais je n’ai lu/vu des gens se livrer. Et le documentariste a un vrai amour de la BD, il filme les vignettes avec beaucoup d’émotion, de respect et même d’admiration.

Ce soir, il pleut des cordes. Je dois prendre le métro. Puis courir attraper un bus. Puis courir à pieds, passer sous le périphérique…

A midi, j'ai mangé avec mon amoureux.

Avec Y. nous avons égrené le champ de nos possibles : prendre 6 mois de congés et partir à New York ou carrément s’installer en poste à Berlin/Moscou/Washington un an ou deux. Je suis de plus en plus séduite, m’imagine bilingue (la blague !) et me prend à rêver.

Un an ou deux.

Faire autre chose, voir d’autres gens, vivre ailleurs.

Faire des projets.

Cela m’aide un peu, à tenir, à réfléchir.

Et dehors…Il pleut.

 

mardi, 22 mai 2012

Quand il reviendra

Le soir, je me couche tôt, toujours avant 23h.

Je dors 7, 8 ou 9h par nuit, mais je suis toujours fatiguée.

Je m’endors le nez contre le coussin d’Y.

Le soir, j’aime bien regarder les photos d’avant.

Il y a un mois, il y a un an, il y a 5 ans et plus.

Des photos du bébé, des films, des moments volés. Je remonte le temps.

Je retombe sur des films de Y. et moi. Dieu comme on était jeunes!

Je souris et m’étonne.

Je ne savais pas qu’on s’aimait autant.

J’avais oublié.

Il faudra que je lui dise, quand il reviendra, au creux de l’oreille, combien je l’aime.

Quand il reviendra

vendredi, 18 mai 2012

On y arrive

Je me brûle la langue avec la chorba de la nounou.

La pauvre a du avoir pitié de moi ce soir, rentrant exténuée avec mon barda sur l’épaule, mes chevilles douloureuses de trop porter de talons, mon maquillage perdu en route et cette petite fille si mignonne la journée qui me fait vivre un enfer le soir. La nounou m’a donné de la chorba délicieuse et parfumée de coriandre fraîche. Elle a ajouté 5 petites briques à la viande, qu’il aurait fallu faire cuire dans la grande poêle avec de l’huile, mais ça, je n’ai pas eu la force. J’ai juste fait réchauffer le bouillon, regardé une émission sur Arte + 7 et je m’apprête à me coucher.

Hier soir, pour l’apéro et le dîner, deux copines célibataires-célibattantes sont passées. J’étais ravie de leur présence, après ma journée fériée passé à me battre avec ma mini-furie. Crise pour s’habiller, crise pour enlever/remettre une couche, crise, crise, crise. Je me sentais seule, si seule,  je m’accrochais à mon but : passer un pull, enfiler une manche. Et puis j’ai compris que je n’arriverais à rien. J’ai emmenée ma petite fille toujours hurlante au salon et je l’ai laissé crier dans mes bras. Bloquée contre moi, elle enrageait, rouge, écumante, échevelée et morveuse. Petit à petit, ses cris de rage se sont transformés en sanglots, des larmes libératrices sont arrivées. Elle s’est blottie plus franchement et a fini de pleurer. Au bout de quinze minutes, elle a relevé la tête pour voir passer le chat, comme si tout à coup rien ne s’était passé.

Moi j’étais vidée.

Personne ne prend en charge mes crises à moi. Moi aussi j’aurais besoin de sortir de la rage, de la tristesse, de l’inquiétude et j’en passe. Parfois, j’aurais besoin de crier et de taper sur quelqu’un. Je me sens nulle et impuissante. L’amie avec qui je suis brouillée n’a pas répondu à mes messages sur son répondeur.

Je n’ai pas voulu l’embêter plus longtemps. Y. me manque, il n’appelle pas, mais ce n’est pas trop grave, j’ai l’habitude.

Alors, pour sortir mon trop-plein, je parle.

A 16h, ma voisine a eu la bonne idée de passer boire le thé, avec sa petite qui a le même âge que R. et fait le même cinéma.

Je raconte autour de moi à quel point c’est difficile, à quel point je sens que mes limites sont là, et autour de moi, je reçois des échos inattendus. Ce week-end, j’ai lancé un appel à l’aide, et il seront plusieurs à se relayer chez nous pour que je puisse faire quelques tâches dans l’appartement. Parfois, j’ai un peu honte.

Les autres mamans ne font pas appel à tout leur réseau chaque fois quelles doivent passer quelques heures avec leur enfant. Je me trouve petite et faible, mais c’est bien là le truc, je suis petite et faible, j’ai besoin d’aide pour élever mon enfant. A défaut d’avoir moi-même la maman bienveillante qui pourrait me décharger quelques heures, je me repose sur mes amis.

Ce soir, une fois son repas pris, ma toute petite était un ange, elle gloussait sous mes doigts, les jambes emmêlées sur la couette du grand lit. Ce soir, j’étais contente de moi, finalement.

Avec de l’aide, on y arrive.

  

lundi, 14 mai 2012

L'abscence

Y. est parti ce matin.

A son sifflotement, à ses gestes plus câlins, j’ai compris à quel point il était ravi de cette évasion cannoise. Cela m’a serré un peu le cœur, je me suis dit (bien sûr !) que j’étais trop ceci ou cela, trop étouffante, trop râleuse, trop tout le temps en train de me plaindre et de lui demander d’en faire plus à la maison. D’où peut être son entrain à partir. Mais je ne peux pas me changer, je suis comme ça.

Tant mieux pour lui s’il peut respirer l’air de la mer, rencontrer d’autres têtes et boire quelques coupes de champagne. Je ne l’aurais même pas vu dans son smoking loué, qu’il a jalousement caché au font de son sac. Par contre, il m’a promis des photos.

Ce soir, en allant chercher R. je récupère une enfant fiévreuse (39°) et fatiguée.

Elle pignoche son tian aux légumes, chouine pour qu’on ne lui retire pas son bavoir, n’écoute pas l’histoire. Je lui donne son biberon, et elle s’accroche à moi comme un rescapé à son récif. Dans la chambre trop claire malgré les volets fermés, je la berce longtemps, chantonnant dans son cou et elle dort déjà, la tête dodelinante sur mon épaule.

Revenu à mon ordinateur, je pense à Y. et je met une veste à lui. Me saoule de son odeur.

Il me manque déjà.

Comme dirait Senghor : "Quelle est longue à mon cœur l’absence de l'Absent!"

mardi, 8 mai 2012

L'amie

C’est comme un grand froid, un étau qui m’enserre.

En ce moment, je ne suis plus vraiment moi-même. Je me suis disputée avec une amie chère de la manière la plus terrible qui soit. Depuis toujours, j’ai une trouille terrible d’être abandonnée, tout le temps, par tous, et pourtant, je peux faire et dire des choses incroyables. Pourquoi ? Pour choquer, blesser ? Pour que l’autre me quitte comme je le crains ? Je reste ensuite interdite, presque ravie sous le déluge.

En amour ou en amitié, parfois, c’est moi qui quitte l’autre, femme ou homme, avec fracas.

Plus jamais je ne reviens sur ma décision, le rayant définitivement de mon petit univers.

J’aimerais dans ces moments là être à nouveau en analyse, pouvoir dire mes tourments, arrêter de tourner en rond, tourner la page et dialoguer, ou juste fermer ma gueule.

Oui, juste fermer ma gueule de temps à autre.

Et ne plus embêter personne.  

 

mardi, 10 avril 2012

Prendre soin de soi

Mes quelques jours ailleurs m’ont fait prendre conscience d’une chose triste : je prends peu soin de moi. J’avance, comme la plupart des gens, je fonce, les journées s'enquillent et j’oublie d’écouter ma petite musique intérieure.

J’oublie de prendre le temps.

Tout s’enchaîne : je me lève, je cours, je me couche. Un jour cette course sans fin se termine car on meurt. Ici, c’était mon espace à moi, celui où je m’obligeais à prendre ce temps.

En ce moment, j’oublie mes fondamentaux, ceux qui m’ont encouragé à créer cet espace : prendre soin de soi.

Il est temps d’y remédier !

jeudi, 8 mars 2012

Je voulais me coucher tôt

Et je tombe sur ça....


http://projectunbreakable.tumblr.com/page/3

Et la lecture me donne le tournis.

Quel courage.

Quel courage.

Le dire dans un blog, c'est une chose, mais le dire à visage découvert...

Mon Dieu quelles sont courageuses ces femmes!

Pas le bon jour

Aujourd’hui, j’étais de mauvaise humeur.

Pas contente de mon article, je l’ai rendu quand même, priant pour que P. ne le trouve pas exécrable lui non plus.

Puis j’ai filé dans le 12ème arrondissement, rencontrer M. une psychanalyste connue. Elle me donne une interview du bout des lèvres, sortant sans cesse du sujet et m’intimant le silence chaque fois que je veux la faire revenir à notre propos. Je rentre par la ligne 14.

Alors que je m’approche des bancs sur le quai du métro, je vois un homme assis sur le siège, un colosse aux cheveux rasé, qui se taillade patiemment les mains avec un rasoir. Je regarde autour de moi. La foule se presse, prend les escalators, sort et entre dans les rames. Pfff. Pendant ce temps, l’homme continue ses lentes scarifications. Je fais demi-tour et appuie sur le bouton d’interphone avec la sécurité. Je leur explique la situation, signale l’emplacement du monsieur et reste le temps que des agents de sécurité viennent s’occuper de lui. Comment faut-il se sentir après ça ?

Je reviens à la rédaction en fin de journée, chamboulée, harassée, fatiguée.

Et il faudra encore écrire après cette interview nulle !

Pfff.

Ya des jours comme ça.

Heureusement, samedi, nous avons pris des billets de train et nous partons là. Il fera beau j’espère, et je mettrais R. sur une petite luge, si elle est d'accord bien sûr.

jeudi, 1 mars 2012

8 ans

Enfant j’aimais :

 

  • Jouer au monde imaginaire
  • Rêver à mon futur cheval
  • Me déguiser
  • Faire des spectacles de théâtre pour mes parents
  • Écrire dans mon carnet intime
  • Secourir des animaux blessés
  • Faire faire l’amour aux Barbies et Ken
  • Décorer ma maison en miniature
  • Repérer des traces des gnomes dehors
  • Faire de la pâte à sel
  • Faire du vélo seule et loin
  • Récupérer des nids abandonnés dans els arbres
  • Faire des colliers de fleurs
  • Jouer aux hommes préhistoriques
  • Observer les oiseaux avec mes jumelles
  • Grimper dans les arbres
  • Faire des cabanes
  • Lire dans ma chambre
  • Sauter dans les foins
  • Tailler des bâtons
  • Casser des pierres
  • M’étendre sur la mousse épaisse
  • Jouer dans un ruisseau
  • Créer des aquariums/vivarium

 

 

Je me voyais plus tard vivant dans une grande maison en pierre, à la campagne, avec mon amoureux auquel je ne serais pas mariée. Nous aurions trois enfants, dont le premier à 25 ans, j’aurais aussi plein d’animaux familiers et sauvages (un corbeau, un loup, un lynx). Nous aurions un grand potager et la forêt toute proche, avec de grands arbres, de la mousse et jamais de chasseurs. Je serais une grande éthologue, je parcourais le monde, la jungle africaine, pour observer et étudier les animaux sauvage dans leur milieu. Je serais très célèbre pour mes travaux de recherche et j’aurais plein d’articles sur moi et ma passion pour les bêtes. Des journalistes viendraient du monde entier m’interviewer et je ferais des conférences à travers le monde.

J'ai bien changé depuis. Mais les souvenirs restent. 

 

jeudi, 12 janvier 2012

En attendant

Après avoir emmené R. chez sa nounou, je me fais un café.

Je dois aller à une conférence de presse dans moins d’une heure. Y. est parti depuis deux jours déjà, dans le sud de la France. Alors j’assure les allers-retours, et essaye de faire mon travail dans un temps raccourci.

J’ai remarqué que le fait de ne plus faire d’heures supplémentaires, ou si peu, n’affectait pas tant que ça ma productivité. Avant, je restais tard, mais je ne faisais pas plus d’articles. Peut être que je les rendais plus rapidement, alors que là, je les rends toujours à la date promise, mais jamais avant, comme j’aimais le faire, ce qui me laissais du temps pour réfléchir à d’autres, flâner, sentir le vent, les tendances. Je me déplace moins dans Paris aussi. Je fais plus de « desk », c'est-à-dire que je décolle moins de ma chaise. Les articles s’en ressentent, les pédiatres que j’interviewe par téléphone me disent moins de choses qu’en face à face, l’article perd un peu en richesse. Je complète avec de la documentation, mais on sent bien que ce n’est pas la même chose. Pourtant, mes articles sont mieux. Mieux construits, mieux ficelés, plus tenus. Mon chef m’a aussi dit : « Plus vivants, plus concrets ». C’est normal, après avoir eu un enfant. Et c’est exactement ce qu’attend notre lectrice, ça tombe bien.
Depuis quelques jours, j’ai un blues d’enfer. Je m’étourdis un peu, mais dès que je me pose quelque part et que je me mets à réfléchir, je cafarde. Et après, je me trouve nulle, mesquine, préoccupée par des petits problèmes insignifiants face à ce qui se passe dans le monde. Et mon blues s’accentue encore, parce que je ne fais rien pour que le monde aille mieux.

Le soir, plutôt que de regarder une série ou de surfer sur la toile, j’essaye d’écrire, de comprendre ce qui se passe dans ma tête. En ce moment, l’analyse me manque. Mais pas au point d’avoir envie de reprendre.

Alors je lis. Je viens de finir celui-ci, sympathique, et commence le livre d’une poétesse qui a vécu en Guyane. J’aime et je n’aime pas à la fois. Et puis je caresse le chat, en lisant ensuite la BD de Jul, tellement drôle.

Et j’attends qu’Y revienne

jeudi, 5 janvier 2012

Petites peurs

J’ai un peu de mal à le dire mais d’habiter au rez-de-chaussée me fait parfois un peu peur.

J’ai peur qu’un inconnu ne décide de rentrer un soir, forçant une fenêtre laissée entrouverte pour aérer, alors que je suis seule avec la petite. Et puis parallèlement, chaque fois qu’Y. évoque l’idée de mettre des barreaux aux fenêtres, je m’insurge : je ne veux pas vivre dans une prison, et comment ferions nous si nous étions coincés dans un incendie ? Ces hésitations me font sourire : j’aurais du le savoir qu’il est difficile de s’habituer au rez-de-chaussée quand on n’y a jamais vécu.

C’est un peu bête, non?

Demain, je reprendrais le travail.

Aujourd’hui, la tension était encore si basse que j’ai à peine pu marcher pour aller chercher R. chez la nounou.

Dieu merci elle est gardée. L’année dernière, j’en pleurais d’épuisement de ne pas réussir à m’occuper d’elle alors que nous étions tous les trois grippés. C’est dans ces moments-là, la maladie, qu’une famille proche et aimante me manque le plus. Bien sûr, nous n’avons pas envie de redescendre sur Lyon, même si nous chérissons cette ville. Mais parfois, quand on pense à ça, les facilités, les grands-parents, oncles tantes et sœurs susceptibles d’aider, c’est parfois tentant de faire ses cartons et de dire bye bye à la capitale.

Avec Y. à Noël dernier, nous avons jeté un œil aux vitrines des agences immobilières. Nous le prix de notre F4, nous aurions un beau 100 mètres carrés. Mais pas une maison, faut pas non plus exagérer.

Ce soir, je me dis que je n’ai pas été très productive ces derniers jours.

La grippe m’a tout pris, mon énergie, mes envies.

J’espère retrouver la pêche ce week-end.

Il y a tant à faire !

 

 

lundi, 2 janvier 2012

Bonnes résolutions 2012

Souvenez-vous...

 Nouvelle année, nouvelles résolutions. J'adore cet exercice. Ça me fait voir moi... en mieux.

  • Prendre confiance en moi, m’affirmer au travail
  • Retrouver une certaine créativité
  • Continuer la déco de l’appartement pour m’y sentir plus chez moi
  • Recommencer à préparer de bons plats
  • Lire plus (si c’est possible, je lis déjà beaucoup !)
  • Ne pas me laisser envahir par le stress mais l’évacuer (relaxation, yoga, marche)
  • Avoir un projet artistique à développer
  • Réfléchir à un plan B de boulot
  • Prendre du temps pour mon couple (restaus, sorties, vacances à deux !)
  • Voir mes amies plus souvent, les inviter plus encore
  • Ne plus me laisser déborder par les choses à faire à la maison
  • Vivre plus en accord avec mes valeurs

 

Heu. Ca devrait suffire ça non ?

 

 

vendredi, 30 décembre 2011

Du mal

Couchée sur le canapé, enroulée dans un peignoir en pilou, avec aux pieds mes grosses chaussettes de laine, j’écoute Zoé Varier, une rediffusion de cet été, sur Susan Manoff.

La passion, le plaisir vibrant de cette femme me fascine.

Je me sens triste et épuisée.

Plusieurs nuits entrecoupées depuis le début de la semaine, des allers-retours matins et soir chez la nounou, car Y. ne pouvait pas assurer, le travail plus prenant et plus compliqué pendant les fêtes car aucun interlocuteur ne répond, et surtout, une impression un peu flottante de vide.

Ce soir, R. s’est endormie sur moi.

Comme un nourrisson, elle chantonnait, la tête sur mes genoux, pendant que je lui caressais les cheveux, et elle s’est endormie. Sa confiance et son abandon m’ont touchée. Je crois que j’ai un peu pleuré, silencieusement, pour ne pas la réveiller.

 

Ce soir, à la veille de la nouvelle année, je ne sais plus trop où aller.

Je ne sais plus vraiment qui je suis en ce moment.

Une ancienne exploratrice passionnée ? Une littéraire inspirée? Une journaliste trop zélée ?

Mes masques et mes voiles me pèsent, mais je ne sais pas comment évoluer.

Mes bras me font mal, mes jambes, mon dos.

Tout cela me rappelle la terrible dépression, même si je sais que ce n’est qu’une forme vaguement lointaine et très atténuée.

 

Des fois, j’aimerai bien un coach de vie.

Quelqu’un qui mettrait de l’ordre dans ce désordre, et m’aiderait à avancer.

Une super maman/tuteur/mentor en somme.

 

Qui n’en n’a pas rêvé…. ?

 

 

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